En 2013 au Pays de Galles, un événement a priori anodin allait, quelques années plus tard, donner naissance à une loi unanimement acclamée au Royaume-Uni : l’interdiction de vente par les animaleries de chiots et de chatons de moins de 6 mois. Revenons 5 ans en arrière, donc : à cette époque, Lisa Garner adopte Lucy, un Cavalier King Charles Spaniel (une race de chien typiquement british, proche de l’épagneul nain), mise au ban de la ferme à chiots à laquelle elle appartenait. Le rôle de Lucy jusqu’à présent se résumait, enfermée dans une minuscule cage, à mettre bas encore et encore pour alimenter en adorables petits chiots les animaleries du pays. Sauf que des années de ce traitement auront eu raison de la santé de l’animal qui se retrouve finalement incapable de procréer, atteinte d’épilepsie, et dont les hanches ont fini par fusionner, terribles conséquences de son enfermement.
Découvrant cela, Lisa Garner choisit donc de diffuser cette histoire sur les réseaux sociaux et, comme cela arrive parfois, la mayonnaise prend. Une forte mobilisation se met en place, et les responsables politiques locaux se voient encouragés à prendre le relais sur le terrain législatif.
Retour en ce mois de décembre 2018 : après de longues palabres, le département de l’Environnement, de l’alimentation et des affaires rurales (un équivalent à nos ministères de l’environnement et de l’agriculture) a annoncé à la veille de Noël que dès l’été 2019, la vente de chiots et de chatons de moins de 6 mois serait interdite dans les animaleries du pays. Ce qui s’apparente clairement à une attaque frontale menée contre les « fermes à chiots », légales ou non, celles dont Lucy a été esclave. Pour se procurer un jeune animal de compagnie, les citoyens de Sa très gracieuse Majesté devront passer par des refuges respectant le bien-être animal, ou s’adresser directement à des éleveurs agréés. Dans ce pays où près de la moitié des habitants possèdent un animal de compagnie, la décision a été accueillie positivement par 95% de la population.
Lucy, le chien à l’origine bien malgré elle de la mobilisation, ne connaîtra jamais les effets de cette législation, ses années de mauvais traitements ayant eu raison d’elle 3 ans seulement après son adoption. Mais personne ne l’oubliera, le texte étant désormais passé à la postérité en tant que « Lucy’s Law ».
Photo : Julochka/Flickr/CC
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