Little Gipsy, Guillaume Ruchon, Capra311, Mary Quincy, Joanna Lemanska, Romain Leclerc, Sylvain Schots, Teddy Verneuil ou Charlène Desdoits : ces noms ne vous disent rien ? Pas de panique, cela signifie simplement que vous n’êtes pas accros aux clichés de voyage sur les réseaux sociaux. Car les 9 noms précédemment déclinés font partie des instagrammeurs français spécialisés dans les voyages les plus suivis : ils cumulent en effet un millions d’abonnés qui suivent quotidiennement leurs pérégrinations en France ou à l’étranger, restituées sous forme d’album photos en ligne sur le réseau social Instagram. En langage médias, ce sont des influenceurs.
Eh bien la branche française du WWF, aidée de l’agence TBWA, a eu l’idée d’utiliser ces influenceurs pour alerter sur les dommages que l’Homme inflige depuis trop longtemps à son environnement. Le principe est simple : leur proposer à chacun de poster une photo sur leur compte Instagram, photo d’un endroit évidemment paradisiaque, qui fera saliver et réagir les milliers d’internautes qui s’y attarderont. Sauf que ces superbes photos sont en fait des montages réalisés à partir de clichés réels de lieux pollués, détruits, ravagés par l’activité humaine. Mais ça, les milliers de followers ne le savent pas.
Ce n’est que plus tard que les stars d’Instagram ont dévoilé le pot aux roses, en diffusant les photographies originales accompagnées d’un message suivi du hashtag #TooLaterGram, sifflant la fin de cette petite mise en scène. De quoi provoquer de nombreuses réactions indignées (par les dommages environnementaux, pas par la méthode employée pour les dénoncer), et s’assurer un partage massif pour une diffusion élargie sur les divers réseaux sociaux.
Au programme de cet excellent coup de com, vous avez ainsi peut-être été piégé par ce magnifique récif corallien et ses poissons multicolores (en fait un corail mort et blanchi, dans une mer vidée de ses habitants), ou par cet incroyable panorama de forêt vierge (qui est aujourd’hui une immense mine à ciel ouvert), voire par ce paysage typique du désert californien (en réalité parsemé de puits de pétrole).
Avec un demi-milliard d’utilisateurs quotidien, Instagram pourrait bien offrir au WWF une résonance inespérée à sa campagne : c’est tout le mal qu’on leur souhaite.
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