Qui n’a jamais eu de chewing-gum collé sous la semelle ? Pour peu que vous viviez en milieu urbain, vous n’y faites peut-être même plus attention mais, pourtant, les chewing-gums négligemment jetés par terre plutôt que déposés dans la poubelle la plus proche sont partout.
A Londres, la mairie a par exemple dénombré pas moins de 300000 de ces friandises collées aux trottoirs de la célèbre Oxford Street, et il a fallu 3 mois de travail pour tous les décoller… avant que les passants ne se remettent à tapisser le bitume. A Paris, les pouvoirs publics ont carrément lâché l’affaire : l’adjoint au maire en charge de la propreté admettant en 2015 à 20 Minutes que le temps, l’argent et l’énergie dépensés pour décoller les chewing-gums étaient inefficaces.
Mais en Angleterre les pouvoirs publics n’abandonnent pas si facilement, et les villes dépensent près de 60 millions chaque année dans cette tâche si particulière. Alertée par cette pollution urbaine, Anna Bullus, designer britannique, s’est penchée sur la composition des gommes à mâcher : celles-ci sont composées en majorité de gomme synthétique, une matière très proche du plastique. Dès lors, pourquoi ne pas recycler cette matière, au même titre que le plastique ?
Pour cela, Anna Bullus a imaginé collecter sa matière première grâce des poubelles rose bonbon uniquement destinées à collecter les chewing-gums, et à disposer dans l’espace public. L’université de Winchester, forte de ses 8000 habitants et travailleurs, a réparti 11 de ces poubelles sur son campus, tout en faisant une intense publicité du système. Un an et demi plus tard, l’expérience s’avère plus que concluante, et les responsables locaux remarquent que les trottoirs ne sont plus inondés de gommes collées. L’aéroport d’Heathrow à Londres a tenté une expérience similaire et a pu, en trois mois à peine, faire l’économie de 7000€ de frais de nettoyage.
Anna, elle, s’est retrouvée avec des milliers de chewing-gums usagés qui, confiés à une usine de recyclage partenaire du projet à Worcester, ont été réduits en miettes, chauffées, fondus, et mélangés à d’autres plastiques recyclés. La designer a créé, à partir de cette matière contenant au moins 20% de chewing-gums recyclés, une gamme de produits du quotidien : des tasses de café, des règles d’écolier, des couverts en plastique, des peignes, des médiators ou, plus ironiquement, des semelles de chaussures.
Tout cela était à vendre sur le site de la société créée par Anna Bullus, Gumdrop : malheureusement aujourd’hui, sa boutique est en rupture de stock. La matière première étant abondante, elle devrait être réapprovisionnée bien vite…
Photos : Capture d’écran BBC / Page Facebook de Gumdrop
commentaires