"Résidence vue mer", "Maison les pieds dans l'eau", "Accès plage privatif" : autant de précisions qui, lorsqu'elles sont apportées à une annonce immobilière et ajoutent un luxe au bien proposé, entraînent forcément un surcoût conséquent pour l'acheteur. C'est justement avec les codes du marché immobilier que Greenpeace a choisi de jouer pour sa dernière campagne digitale.
L'ONG a créé une fausse agence immobilière, Orizon, qui propose de l'investissement prédictif, en maniant évidemment le second degré. En clair, en s'appuyant sur les données actuelles relatives au réchauffement climatique, Orizon étudie, pour ses clients d'aujourd'hui, quels seront les contours du littoral de demain. Car avec la hausse des températures (que les accords internationaux sont supposés limiter, mais ce scénario semble de moins en moins probable), le niveau des océans montera inexorablement. Et si nous pensons spontanément aux petites îles du Pacifique qui seront les premières submergées (les Maldives culminent par exemple à 2m au-dessus du niveau de la mer), il ne faut pas oublier que nos bords de mer sont aussi appelés à être largement modifiés.
Pour base de travail sur cette campagne, Greenpeace a choisi le scénario le plus pessimiste du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) : 5 degrés de hausse de températures d'ici 2100, accompagné d'une élévation du niveau de la mer d'un mètre. Sur le site internet de la fausse agence immobilière, le client peut observer les cartes de la Camargue, de la Charente-Maritime, de l'estuaire de la Gironde et des Hauts-de-France telles qu'elles pourraient être en 2100. Des annonces d'appartements, maisons et autres villas lui sont alors proposées avec leur valeur actuelle, le prix auquel elles s'afficheront d'ici 80 ans, et la plus-value qu'il sera possible de réaliser pour vos descendants. Tout cela grâce à la réduction de la distance qui sépare ces biens du littoral. Une maison à proximité de la Gironde, aujourd'hui évaluée à 99 000€ et située à plusieurs hectomètres de l'eau, devrait ainsi voir son prix grimper jusqu'à 220 000€ en 2100.
Evidemment, tout cela n'est que spéculation et prospective amusante (et inquiétante), mais n'oublions pas qu'au rythme où vont les choses, la vision du monde que nous propose Greenpeace devient de moins en moins irréaliste…
Photo : www.orizon.immo.be
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