Ioane Teitiota aurait pu devenir le premier réfugié climatique du monde. Il n'en sera rien, du moins pour l'instant. Cet homme est originaire de l'archipel des Kiribati, un minuscule état perdu au beau milieu de l'océan Pacifique. "Un morceau de paradis" pourrions-nous même dire, avec ses atolls, ses eaux turquoises et ses plages de sable blanc.
Pourtant, derrière le paysage de carte postale, l'archipel des Kiribati est directement menacé par le réchauffement climatique : hormis une île qui culmine à 81 mètres, l'immense partie du pays dépasse à peine le niveau de la mer et semble condamné à disparaître, à terme, englouti par la montée inéluctable du niveau des océans. En attendant, les terres sont grignotées, l'eau salée s'infiltre dans les sols et les réserves d'eau douce, et rend la vie sur place de plus en plus difficile. C'est sur cela que Ioane Teitiota a joué pour tenter de rester en Nouvelle-Zélande, alors même que son permis de séjour était terminé depuis 2010 et qu'il y vivait depuis en situation irrégulière.
Malheureusement pour lui, la justice néo-zélandaise l'a débouté. Les arguments ? D'abord, des millions de terriens vivant en bordure immédiate de l'océan sont dans une situations similaire de par le monde, et sa demande ne se justifie pas particulièrement. D'autant que les migrations climatiques observées jusqu'alors se font à l'intérieur des pays directement concernés. Ensuite, malgré le qualificatif "climatique" mis en avant, Ioane Teitiota ne correspond simplement pas à la définition du réfugié admise internationalement, en ce sens qu'il n'est pas "menacé de persécution" s'il rentre dans son pays natal. Il a bien tenté de joué sur la notion de persécution en avançant une "persécution passive de l'environnement", mais cela n'a pas marché.
Si pour l'instant ce genre de demande est plutôt rare, le rythme devrait s'accélérer dans les prochaines années, si les Etats menacés ne font rien pour tenter de trouver une voie de secours à leurs habitants. On évoque ainsi la construction d'îles artificielles pour certains archipels du Pacifique, et même d'une délocalisation des Maldives qui, menacées d'engloutissement, se sont lancées dans une vaste politique d'achats de terre en Inde, au Sri-Lanka et en Australie.
Tout cela par la faute de l'Homme, faut-il le rappeler…
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