Par 1er janvier 2002 : la France passe officiellement à la monnaie unique, aux côtés de 10 autres pays européens. Depuis, 6 autres pays ont rejoint les pionniers pour porter à 17 le nombre de membres de la zone euro. Pour alimenter les portefeuilles de tous ces Européens, 97 milliards de pièces et 14,4 milliards de billets de banque sont en circulation. Mais si les pièces peuvent circuler indéfiniment, les billets, eux, s'abîment très vite et doivent être constamment remplacés. Que fait-on des billets usagés ? Ils sont détruits, soit en étant incinérés, soit en étant déchiquetés.
Franck Buckley est un artiste irlandais que la Crise a touché de près. Entre le remboursement quasi-impossible d'un prêt consenti par une banque, et le suicide d'un de ses amis victime du krach de l'économie locale, il a ressenti le besoin d'exprimer son mécontentement par le biais de l'art. Il s'est donc penché sur les billets déchiquetés dont nous parlions quelques lignes plus haut, et en a récolté deux remorques pleines auprès de la Banque d'Irlande. Il a assemblé et compacté ces lambeaux de billets pour en faire des briques, avec lesquelles il a tout simplement bâti une maison.
Chacune de ces briques équivaut à environ 50 000 euros, et, pour construire cet édifice, il lui a fallu pas moins de 1,4 milliards d'euros de billets déchiquetés. Justement baptisée "la maison à un milliard d'euros", celle-ci a accueilli, dès la première semaine suivant la fin de sa construction quelques 500 curieux. Quant à Franck Buckley, il vit dans cette maison, à Dublin, où il n'a même pas besoin de chauffage, l'épaisseur des murs de billets qui la protègent suffisant à la couper des aléas de l'hiver irlandais.
Alors cette maison, oeuvre d'art, merveille de recyclage, ou bras d'honneur au système capitaliste ? A vous de choisir.
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