Les smart grids: kézako ?

Introduction

Vous avez sans doute entendu parler des "smart grids", ces réseaux de distribution d'électricité intelligents. Est-ce que ces réseaux ont un rapport avec Linky, le compteur intelligent d'ErDF qu'on nous promet pour dans pas longtemps ? Et pourquoi vouloir faire des réseaux "intelligents" ? Et puis d'abord, c'est quoi, "un réseau intelligent" ? Beaucoup de questions, des réponses dans les pages qui suivent : vous êtes sur MarcelGreen.com et vous y êtes bien.
 

1. Qu’est-ce qu’un smart grid ?

Un smart grid, littéralement, c’est un réseau intelligent. Un réseau sur lequel sont placés des capteurs qui renseignent sur l’état de la consommation, sur la demande d’électricité et l’offre disponible. Du lieu de production au lieu de consommation, toutes les données sont collectées, mises en concordance et analysées par des outils informatiques pour distribuer l’énergie de la manière la plus intelligente possible à l’ensemble du territoire.

Des capteurs sont placés là où l’électricité est produite, dans les centrales nucléaires, dans les centrales à charbon, les fermes éoliennes ou photovoltaïques, et sur les lignes à haute ou moyenne tension, et informent en temps réel de l’état du réseau. Le consommateur final n’est pas en reste, et un appareil placé chez lui permet d’ajuster la distribution de courant. C’est notamment à cela que devrait servir le compteur intelligent Linky d’ErDF, dont 35 millions d’exemplaires devraient être installés en 5 ans, dès que le gouvernement aura donné son feu vert. Ce petit compteur représentant même "la 1ère étape de la construction d’un réseau intelligent" selon ErDF.

Des réseaux intelligents capables de distribuer l'électricité de façon plus pertinente, en fonction des besoins, de mieux exploiter les énergies d'origine renouvelable. Bref, de limiter les gaspillages et les émissions de CO2.
 

2. Pourquoi les réseaux intelligents ?

Nous sommes de plus en plus gourmands en électricité. Et par "nous", nous entendons "la France". Entre les besoins individuels, les besoins professionnels, et les besoins industriels, la consommations électrique du pays a connu une forte hausse ces dernières années. Selon RTE, le gestionnaire du réseau électrique français, la consommation totale entre 2001 et 2010 aurait augmentée de 14%, passant de 450 TWh à 513 TWh. Mieux : entre 2009 et 2010, c'est à une hausse de 5,5% (de 487 TWH à 513) qu'a été confronté RTE.

A l'échelle mondiale, le bilan est encore plus impressionnant : sur la même période, la consommation électrique est passée d'environ 15500 TWh à 20000, soit une hausse de près de 30%. La Chine, le Brésil, la Russie et l'Inde, ces quatre immenses pays en plein développement, ne sont évidemment pas étrangers à cette hausse.

Et cette course à l'électricité ne semble pas proche de s'arrêter. Prenons deux exemples tout simples pour s'en convaincre : l'avènement programmée de la voiture électrique, ainsi que l'explosion du nombre de serveurs informatiques et de leur consommation. Alors ? Convaincus ?

Le problème de cette évolution de la consommation électrique n'est pas tant sa hausse spectaculaire. Le problème vient surtout du fait que les énergies fossiles sont pour une bonne part à l'origine de notre électricité. L'institut mondial du Charbon estime même que d'ici 2030, "la part du charbon dans la production mondiale d’électricité devrait augmenter de 41% à 44%". Bien sûr, en France, on n'a pas ce problème du charbon, puisque l'on fait confiance au nucléaire. Mais est-ce une si bonne nouvelle ? Pas sûr… Une plus grande synergie avec les autres sources d'électricité devra être mise en place sur le réseau de distribution d'électricité. En effet, de par leur dépendance à la nature (le soleil ne brille pas 24h/24, le vent ne souffle pas continuellement…), les outils producteurs d'énergies renouvelables ne peuvent assurer une alimentation continue au réseau.

Nous avons besoin de mieux gérer notre consommation électrique et de mieux y intégrer les énergies vertes. Les smart grids sont justement là pour ça.

3. Les essais en cours et à venir

Les réseaux intelligents ne sont pas qu'un projet, et seront bientôt une réalité. D'ailleurs ils le sont déjà dans certaines régions du monde, où leur déploiement a commencé. 

En France, 250 000 compteurs Linky ont déjà été installés en zone urbaine (la région lyonnaise, en l'occurrence) et en zone rurale (en Indre-et-Loire) pour une phase de test à grande échelle. Seulement voilà, les compteurs intelligents et les réseaux du même nom ne sont pas monopolisés par ErDF. Les smart grids semblent susciter quelque intérêt chez d'autres entreprises, qui ont lancé, elles aussi, des projets dans quelques villes françaises.

• Véolia, par exemple, a choisi la ville de Nice pour son projet "Réflexe" : équiper une vingtaine de bâtiments d'outils de mesure pour une expérimentation censée durer deux ans et demi, et qui prendrait fin en 2014.
• A Issy-les-Moulineaux, en banlieue parisienne, Bouygues et Alstom travaillent aussi main dans la main pour mener un projet similaire, vendu comme l'un des plus ambitieux de France.
• EDF (qui n'est pas ERdF, attention à ne pas confondre : celui-ci produit l'électricité, l'autre la transporte) n'est évidemment pas en reste, et les 400 habitants des îles bretonnes de Hoëdic et Houat ont les honneurs d'être les cobayes d'une phase de tests de l'électricien français.
• Comme certains résidents de la région PACA, où EDF a aussi lancé une phase de test grandeur nature, un projet baptisé "Premio" qui regroupe une cinquantaine de clients et de nombreux partenaires financiers. 

Ailleurs dans le monde, les réseaux intelligents gagnent aussi du terrain. Aux Etats-Unis, cinq millions de compteurs intelligents sont déjà installés, et 4,5 milliards de dollars leur avaient été alloués par le plan de relance de Barack Obama en 2008.

En Asie également, les choses bougent. D'ici 2030, la Corée du Sud prévoit ainsi de se doter d'un de ces réseaux qui pourrait créer 500 000 emplois et réduire la consommation électrique du pays de 3%, soit l'équivalent de la puissance de 7 réacteurs nucléaires de 1000 MW. Du côté de Taiwan, 6 millions de foyers seront équipés d'ici 2017 en compteurs intelligents, et le principal opérateur énergétique de l'île estime pouvoir faire baisser la consommation électrique de 10% grâce à la mise en place d'un réseau intelligent.

Il va donc falloir patienter encore un peu pour voir les premiers résultats.