D'ici à 2015, la Corée du Sud envisage en effet de remplacer tous les papiers à l'école par des tablettes tactiles. Au pays de Samsung, le roi de l'électronique mondiale, qui détiendrait 8% du PIB de l'extrémité sud de la péninsule coréenne, la nouvelle n'est qu'à demi étonnante. Pour les élèves, l'avantage peut s'avérer considérable : adieu les douleurs lombaires à 14 ans après avoir transbahuté un cartable de 5 kilos sur le dos depuis plusieurs années. Adieu aussi, peut-être, l'obligation de se déplacer à l'école et bonjour les cours à distance. Encore que l'on puisse douter qu'il s'agit bien là d'un avantage…
Et puis, même si l'on peut toujours discuter du bilan carbone des tablettes numériques et de leur impact sur l'environnement, le bénéfice direct pour la nature est potentiellement énorme : adieu les millions d'arbres abattus pour produire les manuels scolaires de nos têtes blondes.
"Millions d'arbres" ? Oui, "millions d'arbres". Pour se rendre compte de l'étendue de l'économie de papier qui sera faite en Corée du Sud, voici un petit calcul approximatif estampillé "Marcel Green". Rien de ce que vous lirez là-dessous n'est vrai. A moins d'un énorme coup de chance. Suivez-nous, c'est parti :
La France et ses 66 millions d'habitants comptent 11,3 millions d'élèves scolarisés, depuis la primaire jusqu'à la terminale. Si on garde cette proportion, la Corée du Sud et ses 49 millions d'habitants compteraient donc 8,4 millions d'élèves.
En France, sept matières sont enseignées de la primaire à la terminale qui nécessitent, chaque année, de trimballer des kilos de livres dans son sac : les maths, l'histoire, la géographie, le français (ou le coréen là-bas, probablement), la biologie, l'anglais, la physique/chimie à partir de la 5ème, et une deuxième langue vivante dès la 4ème. Les deux dernières matières nommées étant exclues d'une partie du cycle, nous les avons fusionnées arbitrairement pour n'en faire qu'une. On vous avait parler d'à peu près, on ne vous a pas menti.
Faisons une moyenne arbitraire (encore) et disons que chaque livre contient 120 pages. Chaque élève, pour une année scolaire, a donc 7 livres de 120 pages chacun. 7 x 120 = 840 pages. Du CP à la terminale, nos têtes blondes passent 12 ans (s'ils ne redoublent pas, hein). A raison de 840 pages par année scolaire, ils ont donc besoin, tout au long de leur scolarité, de 84 livres différents, soit 84 x 120 = 10 080 pages. Boum.
Souvenez-vous du début de notre "calcul savant" : on considère que les petits Coréens et les petits Français suivent un enseignement équivalent. Si chacun des 8,4 millions d'élèves coréens avaient eux aussi besoin de 10 080 pages pour arriver au terme de leur scolarité, il faudrait donc imprimer 84 672 000 000 (soit près de 85 milliards, en toutes lettres) pages.
Selon les très sérieux forums de Yahoo!, il faudrait 77 arbres matures (des pins de 15 à 20 ans) pour produire un million de feuilles de papier. On vous épargne le produit en croix, mais on arrive à 6 519 744 arbres à abattre pour produire le papier nécessaire à une génération donnée pour 12 ans de scolarité.
Alors, merci qui ? Merci les tablettes numériques, évidemment !
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