Introduction
Si l'on assiste souvent aux mêmes scènes sur le trajet de ce genre de convois (des militants de différentes ONG allongés sur les voies, pour ne citer que l'opération la plus spectaculaire), une question semble, elle, revenir sans cesse : Quel sort vont subir ces déchets ? Sont-ils décontaminés ? Brûlés ? Enterrés ? Recyclés ? Envoyés ailleurs encore ? Jetons un oeil à tout cela…
1. Pourquoi des déchets nucléaires ?
Oui, pourquoi ? Les pouvoirs publics ont pris l'habitude de nous vendre l'énergie nucléaire comme étant "propre", à savoir qu'elle ne rejette rien d'autre dans l'atmosphère que de l'eau. Sauf que les centrales nucléaires fonctionnent grâce à un combustible, et que ce combustible crée inévitablement des déchets.
Au début, il y a les mines d'uranium. L'Australie disposant à elle seule de près d'un tiers des réserves mondiales. Puis, l'uranium extrait des mines est enrichi, c'est-à-dire que l'on augmente artificiellement la proportion d'isotope 235 qu'il contient à un niveau suffisamment élevé permettant de provoquer une fission nucléaire dans les réacteurs des centrales. L'uranium est ensuite assemblé avec d'autres combustibles (plutonium, zirconium et d'autres noms qui finissent par "um") et fini par être "brûlé" dans les réacteurs nucléaires.
De cette réaction résulte un combustible usé, qui passe ensuite par des usines de retraitement comme celle de La Hague. Du plutonium et de l'uranium sont récupérés, recyclés, et repartent dans la chaîne du nucléaire décrite juste au-dessus. Le reste est appelé "déchets ultimes" et pose de gros problèmes : on ne sait pas s'en débarrasser.
2. Et ils deviennent quoi ?
La loi du 30 décembre 1991 avait ouvert la voie à une réflexion de 15 ans sur le devenir des déchets nucléaires, en favorisant l'étude de trois axes de la gestion de ces déchets : la séparation-transmutation, le conditionnement et l’entreposage de longue durée en surface, le stockage en formation géologique profonde.
Selon l'IRSN, l'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, "l’objectif de la séparation-transmutation est très ambitieux. La séparation constitue un prolongement complexe du retraitement. Elle pourrait être envisagée pour de futures usines, mais ne peut concerner que certains déchets à vie longue". En gros, ce n'est pas pour aujourd'hui… La quantité de déchets serait encore réduite, et les éléments radioactifs “à vie longue” seraient transformés en éléments “à vie courte”. Selon l’IRSN elle-même, “La séparation-transmutation n'apparaît donc pas, à elle seule, comme une technique alternative au stockage géologique”. C’est noté.
Sinon il y a l'option du conditionnement. Parce que les déchets nucléaires, bien qu'ayant déjà été utilisés, n'en demeurent pas moins fortement radioactifs. Alors on a trouvé quelques solutions pour les stocker et éviter qu'ils ne polluent l'atmosphère. Les figer dans une sorte de verre hautement résistant par exemple. Ainsi isolés du monde extérieur, ils sont ensuite plongés dans des piscines ou dans des salles ventilées, capables d'absorber la chaleur que leur rayonnement continuera de produire des années durant… Mais ces espaces de stockage représentent toujours un danger. Lorsque les piscines de refroidissement du réacteur 4 de Fukushima se sont retrouvées à sec, le combustible exposé à l’air libre a contaminé l’air ambiant.
Et puis arrive le "stockage en formation géologique profonde". Le principe : A un minimum de 200 mètres sous terre, des tunnels sont creusés dans la roche, et les déchets y sont entreposés. Un accès à ces tunnels permet un contrôle régulier de la stabilité des installations. La mise en exploitation d'un tel endroit n'est pas prévu en France avant 2025. La Finlande, elle, a déjà pris les devants. Dès 2004, elle a lancé la construction d'un tel site sur son territoire, un site qui pourra accueillir le combustible radioactif usagé pour les 100 000 prochaines années. D'ici là, on aura peut-être trouvé une solution pour se débarrasser définitivement de ces déchets. Ou pas…
Sinon il reste toujours la solution de “je mets tous mes déchets sur un bateau ou sur un train que j’envoie au fin fond de la Sibérie sans rien dire à personne”. Une solution maintes fois dénoncée par Greenpeace, sous le titre choc “la Russie n’est pas une poubelle”. Là-bas, si les déchets nucléaires français sont bien retraités et renvoyés dans nos centrales, du moins pour environ 10% du volume, les 90% restants d’uranium appauvri restent sur place, stockés à ciel ouvert. Ou comment transmettre la patate chaude à quelqu’un d’autre. Nous vous conseillons de lire à ce propos l’article de Libération intitulé “Nos déchets nucléaires sont cachés en Sibérie” : c’est édifiant.
3. Comment se renseigner ?
On ne veut pas verser dans le populisme, mais il ne faut pas trop compter sur les pouvoirs publics pour nous avertir des risques liés aux déchets nucléaires. On a souvent droit à des discours rassurants et condescendants, et nos dirigeants ou les grandes entreprises se gardent bien par exemple d'annoncer que des tonnes de déchets nucléaires passeront en train à côté de chez vous pour être retraitées. Il faut donc compter sur les ONG et les associations pour pêcher un peu d'information. Deux d'entre elles se détachent dans la lutte contre le nucléaire : Greenpeace bien sûr, et le réseau "Sortir du nucléaire".
Greenpeace agit contre le nucléaire non seulement en France, mais aussi dans le monde entier. Blocage du chantier de l'EPR ces derniers jours, blocage des trains de déchets, ascension des cheminées de refroidissement des centrales… Tout est bon pour attirer l'attention sur le problème de cette énergie.
Quant au réseau "Sortir du nucléaire", il s'agit en fait d'un regroupement de centaines d'associations demandant entre autre un non-renouvellement du parc nucléaire ou l'abandon des projets d'enfouissement des déchets radioactifs. Si vous voyez un jour une manifestation anti-nucléaire, impossible de les manquer.
Pour soutenir l'une ou/et l'autre, voici où vous rendre :
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