L’huile de palme pose problème, voilà un fait désormais avéré. Déforestation massive, menace pour la biodiversité, recours aux engrais et pesticides chimiques, précarité sociale des travailleurs… tout y passe. De plus, elle est riche en acide gras saturés et souvent hydrogénée ; elle n'est donc pas très bonne pour la santé.
Certes, l'industrie alimentaire ne pourra pas se passer de l'huile de palme du jour au lendemain. C'est l'huile végétale la plus présente sur le marché mondial, car elle est la plus rentable en coût et en quantité de production. Cependant, l'huile de palme commence à avoir mauvaise presse, et il était important de réagir. la RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil – Table ronde sur l'huile de palme durable) a été organisée dans ce but en 2008. Initiée par le WWF, elle a réuni des acteurs de toute la chaîne de production et de distribution de l'huile de palme, ainsi que des ONG des secteurs social et environnemental. Cette table ronde a débouché sur le programme GreenPalm.
GreenPalm est un site de négoces de certificats qui permet aux grands groupes de l'industrie alimentaire de soutenir la production de l'huile de palme durable. L'achat d'un certificat leur donne le droit d'afficher le logo "GreenPalm Sustainability" sur leurs produits. Les participants au programme sont – entre autres – Kellogg's, Unilever, Cargill, Marks & Spencer, Carrefour, Cadbury, Lu, Fleury Michon et Brioche Pasquier.
Concrètement, ça se passe comment ? La RSPO délivre des certificats aux producteurs d'huile de palme durable selon 39 critères sociaux et environnementaux. Une fois que le producteur est certifié, il a le droit de vendre des certificats Green Palm aux grand groupes industriels. Pour acheter un certificat, l'entreprise doit acheter de l'huile de palme aux producteurs durables aux enchères. Un certificat équivaut à une tonne d'huile de palme durable achetée, et il lui faut en obtenir au minimum 25 pour avoir le droit d'estampiller ses produits du logo "GreenPalm Sustainability". Et pour chaque certificat vendu, l'entreprise doit reverser 1 dollar à la RSPO. Non, ce ne sont pas les règles d’un nouveau jeu de Monopoly, mais ça y ressemble…
Ainsi, comme l'affirme le dernier communiqué de GreenPalm, "en achetant un produit estampillé GreenPalm les consommateurs encouragent la production d’huile de palme et d’huile de palmiste durable". Cela est vrai, mais attention : ce n'est pas parce que vous achetez un produit certifié GreenPalm que celui-ci contiendra forcément de l'huile de palme produite durablement, sans déforestation massive, pesticides, exploitation des travailleurs, etc. Vous achèterez seulement un produit dont le fabricant a versé un peu d'argent pour soutenir le développement durable de l'huile de palme. Nuance.
GreenPalm a récemment annoncé avoir reversé près de 11,5 millions de dollars aux producteurs d'huile de palme durable grâce à la vente de 1 490 000 certificats depuis 2008, soit 1,5 millions de tonnes d’huile en 3 ans. Il convient cependant de remettre ce chiffre dans son contexte, sachant sur la seule année 2009, 46 millions de tonnes d’huile ont été produites dans le monde, sans nécessairement tenir compte des critères sociaux et environnementaux.
Le geste serait-il un peu trop symbolique ? Green Palm, petit pas vers une production durable de l'huile de palme, ou opération d'éco-blanchiment de l'industrie alimentaire ? A méditer au moment de faire ses courses.
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