L'OHM est une association qui regroupe différents acteurs du prospectus (papetiers, imprimeurs, acteurs de l'éditique, distributeurs…). Pour lutter contre l'impopularité grandissante de ce support informatif et publicitaire, il s'est engagé, “pour en finir avec les idées reçues”, dans une campagne intitulée "j'aime mon prospectus". Elle affiche en première page : "comment vivrait-on dans un monde sans amour et sans papier ?" (avec un petit chien qui vous apporte le journal), et aboutit à des énormités comme "dans un monde zéro papier, il y aurait moins de forêts : pas de prospectus… + de CO2". En tout, 13 millions de prospectus distribués (des petits livrets de quatre pages), et monprospectus.com, "un site pour informer, dialoguer, évoluer ensemble".
Le Cniid (Centre national d'information indépendante sur les déchets) est une ONG qui vise à promouvoir la gestion écologique des déchets et à pallier le manque d'information indépendante dans ce domaine. Elle a réagi à point nommé à ce que la FNE (France Nature Environnement) considère comme "une ridicule tentative de désinformation". En clair il s'agit, pour le Cniid, d'un éco-blanchiment honteux et particulièrement raté, sachant que l'industrie du papier est reconnue comme polluante, consommatrice de ressources et génératrice de déchets – bien que des efforts soient faits pour y remédier. La plainte, déposée auprès de l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP), répond à tous les arguments avancés par la campagne. Elle demande à ce que celle-ci soit retirée du site de l'OHM et que toute récidive du même genre soit empêchée.
Pourquoi l'industrie du papier ressent-elle le besoin de défendre le prospectus ? Cela signifierait-il qu'il est menacé d'extinction ? L'OHM argumente notamment sur le fait que les prospectus distribués dans les boîtes aux lettres sont le seul moyen pour les consommateurs qui n'ont pas accès à Internet de recevoir des offres promotionnelles intéressantes et des informations sur la vie locale. Or, de plus en plus de ménages sont connectés à Internet en France : 12% en 1998, 56% en 2008, et 64% en 2010 (Insee). Ajouté à cela, les pouvoirs publics engagent les citoyens à éviter les prospectus dans les boîtes aux lettres, avec l'opération "Stop pub". Le prospectus a donc de bonnes raisons de se sentir menacé ; et encore plus depuis que l’action du Cniid vient rétablir la vérité au sujet de son impact écologique.
+ d’infos : Cniid, monprospectus.com
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