Introduction
La planète entière est au courant. Au Japon, il y a eu un tremblement de terre. Tremblement de terre qui a engendré un terrible tsunami. Tsunami qui, en plus des milliers de victimes emportées par les flots, a provoqué une catastrophe nucléaire dans la centrale de Fukushima, catastrophe classée deuxième de son genre par les spécialistes derrière Tchernobyl en Ukraine il y a 25 ans.
Alors bien sûr, on peut tout à fait être ému de la situation mais ne pas se sentir concerné plus que ça par ce qu'il se passe au Japon. Après tout, c'est à l'autre bout du monde. Ca, c’est si vous êtes un cynique fini. Sauf que les dégagements de fumée de Fukushima, consécutifs à l'écroulement du toit d'un des réacteurs, à une panne du circuit de refroidissement, et au fait que le combustible nucléaire se soit retrouvé à l'air libre, ont envoyé des particules radioactives dans l'atmosphère. Et comme la Terre tourne et que le vent souffle, ces particules devraient se retrouver au-dessus de nos têtes ce mercredi 23 mars 2011.
"Sans aucun risque pour la population française" nous dit-on. Tant mieux. Il faut quand même avouer qu'on a beaucoup de chance, en France. Déjà en 1986, le nuage de Tchernobyl avait fait l'effort de s'arrêter à nos frontières. Mais à parler de Tchernobyl et de Fukushima, on en vient à se poser la question suivante : quelle est la place du nucléaire ici et ailleurs, aujourd'hui ? Petit état des lieux.
1. Aux origines du nucléaire
Pourquoi "nucléaire" ? Parce que (et c'est Wikipedia qui le dit) cette énergie provient des noyaux des atomes à qui l'ont fait subir des transformations. Mais ces noyaux d'atomes étaient inconnus avant 1911 et leur découverte par un physicien Néo-Zélandais, Ernest Rutherford. De là tout s'enchaîne extraordinairement rapidement : le premier des réacteurs nucléaires est construit dès 1942 à l'Université de Chicago, et les premières bombes atomiques sont construites et lancées par les Etats-Unis sur le Japon (déjà) en 1945.
Six ans plus tard, en 1951, la première centrale nucléaire de l'histoire entre en service aux Etats-Unis. En 1956, c'est la France qui en offre une à ses militaires, et le premier modèle à usage civil chez nous ouvrira à Chinon en 1963. Notons d'ailleurs que c'est le Général de Gaulle lui-même qui a créé le Commissariat à l'Energie Atomique dès 1945.
Mais c'est en 1973 que tout va se jouer pour notre pays. Dans le golfe persique, la guerre du Kippour fait rage et débouchera sur le premier choc pétrolier avec une explosion du prix du brut. Pierre Messmer, à l’époque Premier Ministre de Georges Pompidou, décide alors d'accélérer le programme nucléaire français pour réduire la dépendance française vis-à-vis de l'or noir. Entre 1974 et 1981, soit le temps que durera le mandat de VGE à l'Elysée, on lance la construction de 44 réacteurs nucléaires sur notre territoire. Depuis, une douzaine seulement ont été construits.
58 réacteurs sont aujourd'hui en service en France. Le compte est presque bon. A eux seuls, ils produisent plus des trois quarts de l'énergie électrique française.
2. Pour ou contre ? L'éternelle question
"Pour" vous diront certains, le visage impassible de ceux sûrs de leur fait, qui voient dans le nucléaire une alternative à la dépendance aux pays pétroliers. "Contre" vous répondront (de plus en plus ?) d'autres, la bave aux lèvres, avançant les arguments des catastrophes potentielles et de la gestion des déchets. On ne va pas se mentir, nous sommes plutôt du côté des seconds cités.
L'énergie nucléaire, on a essayé de nous la vendre comme une énergie propre. Pourquoi propre ? Parce que le seul rejet extérieur d'une centrale nucléaire, ce sont ces énormes panaches de fumée blanche, qui n'est finalement rien d'autre que de la vapeur d'eau. Celles et ceux d'entre vous qui prennent l'autoroute du soleil pour partir en vacances dans le Sud peuvent le constater avec la centrale du Tricastin que longe la trois voies.
Et puis l'énergie nucléaire, elle réduit notre dépendance au pétrole. Le pétrole produit par ces pays du Golfe, dont on nous répète à longueur d'année qu'ils sont peut-être dangereux et que non, nous n'avons décidément rien en commun avec eux. Sauf que les centrales nucléaires ont besoin d'uranium pour fonctionner, et jusqu'à preuve du contraire, on ne trouve pas d'uranium en France. Pour information, les principaux gisements mondiaux sont en Australie, au Kazakhstan et au Canada. Ou comment réduire sa dépendance d'un côté pour l'augmenter de l'autre.
Les "contre", eux, ne sont jamais à court d'arguments. Et ils ne le seront peut-être jamais, l'accident de Fukushima venant grossir leurs rangs et leur motivation. On y trouve surtout :
– Le risque d'accident : si ces dernières années cet argument semblait usé jusqu'à la corde, le tsunami japonais est venu rappeler que le risque zéro n'existe pas.
– Le problème de la gestion des déchets : divers scandales ont entouré l'usine de retraitement des déchets de La Hague de la COGEMA, et les trains de déchets nucléaires qui acheminent leur sinistre cargaison vers des terres inconnues sont régulièrement dénoncés et ralentis par des militants anti-nucléaires de tous poils.
En tout cas, dans un monde qui vient de subir de plein fouet la catastrophe de Fukushima, et dans une France qui continue de tirer les trois quarts de son électricité du nucléaire, il va bien falloir, à un moment ou à un autre, poser les questions qui fâchent.
3. Les alternatives au nucléaire ?
La solution serait presque dans le titre de ce chapitre : les énergies ALTERNATIVES. En ce début 2011, le WWF a d'ailleurs publié un rapport "Pour une énergie 100% renouvelable en 2050", estimant le scénario comme "faisable".
Des exemples concrets de prise de conscience existent déjà. Et ce n'est pas nous qui le disons, mais le New York Times (dont l'article a été synthétisé sur Oil Man, un blog du Monde) : par exemple, la part d'énergie d'origine renouvelable au Portugal est de 45%. Merci à l'énergie éolienne, solaire, hydroélectrique, et à l'énergie de la houle.
D'ici à 2025, des pays comme l'Irlande, le Danemark et la Grande-Bretagne dépasseront le seuil des 40% d'énergie renouvelable. Même le Brésil fera de même. Enfin, si l'on considère les barrages controversés qui s'y construisent actuellement comme produisant de l'énergie "propre".
Bref, les solutions sont là, et sont déjà mises en place de par le monde. il suffit pour ça d'une vraie volonté étatique. La France peut-elle s'imaginer présenter ce genre de bilan ? Avec des centrales dont la durée de vie est estimée à 40 ans et datant pour la plupart de la fin des 70's, on devrait bientôt avoir la réponse. Néanmoins, l'enthousiasme débordant montré par nos dirigeants pour l'EPR, la nouvelle génération de réacteurs nucléaires, n'incite pas franchement à l'optimisme.
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