Ecologie & Société

Les Français et le don

Introduction

Associations, ONG, ou partis politiques, nombreuses sont les organisations à compter sur les dons financiers des particuliers ou des entreprises pour vivre et exister. Plusieurs réactions sont alors envisageables face à un appel au don.

Le refus satisfait : un parti politique que vous ne portez pas franchement dans votre coeur vient vous tendre la main, en vous disant exactement ce qu'il faut faire pour remettre la France en marche. Pas de chance, vous êtes situés de l'autre côté de l'échiquier politique et vous prenez un malin plaisir à rembarrer la personne. Elle n'a qu'à avoir des idées normales.

Le refus gêné : vous vous disiez bien que tous ces gens avec des cannes blanches devant les magasins, ce n'était pas normal. C'est la journée des aveugles. c'est une cause qui vous touche, comme tout un chacun, mais pas suffisamment néanmoins pour que vous lâchiez un petit billet. Alors quand on vous tend la main, vous la refusez poliment et vous confondez en "désolé, désolé", ou inventez une mauvaise excuse qui vous donne meilleure conscience.

Le don : La cause vous touche de près. De très près, même. Ou alors les campagnes de sensibilisation ont trouvé un fort écho dans votre for intérieur. Et là, c'est le jackpot pour l'association/parti/ONG. En plus, vous savez qu'il y a une exonération d'impôts pour chacun de vos dons. Tout est bon à prendre. Si vous vous reconnaissez dans cette troisième catégorie et que la cause environnementale vous touche, ce qui suit devrait vous plaire.

Avec les scandales passés (on pense surtout à l'ARC et à Jacques Crozemarie, sur lequel nous ne reviendrons pas) et récents (la polémique Pierre Bergé Vs Téléthon, ou l'association AIDES dont la “gestion opaque” a été mise en cause dans un rapport publié dans Le Parisien), difficile de savoir à qui donner. Et même si vous savez à qui donner, quels sont les différents moyens de le faire ? Les réponses ci-après.


1. Suis-je le seul à donner ?

Difficile de le savoir dans votre entourage proche, puisque le don est généralement une pratique discrète. Chacun à ses causes, qu'il cache bien dans son jardin secret. Mais vous pouvez être certain que vous n'êtes pas le seul a donner. Appuyons-nous sur le rapport qui fait référence dans le milieu. Le rapport du CERPHI, le centre d'étude et de recherche sur la philanthropie, publié en octobre 2010. Celui-ci portant sur les dons enregistrés dans les déclarations fiscales de 2009, il concerne donc les dons de 2008. On le lit, et qu'est-ce qu'on y apprend ? Tout d'abord que les dons déclarés représentent près d'1,8 milliards d'euros, soit 4,5% d'augmentation par rapport à l'année précédente. Quand aux dons déclarés ajoutés à ceux "de la main à la main" lors de collectes, le chiffre avoisine les trois milliards d'euros. On l'écrit en chiffres pour que vous vous rendiez mieux compte : 3 000 000 000 €.

Et puis les causes sont nombreuses : 350 associations se sont partagées ce pactole en 2008. Un pactole toutefois inégalement réparti puisque l'AFM, le Secours Catholique, les Restos du Coeur, la Ligue contre le Cancer et la Croix Rouge récupèrent à elles cinq près de 200 millions d'euros.

Pour information, les deux plus grosses ONG environnementales que sont les divisions françaises du WWF et de Greenpeace récoltent en 2008 respectivement 7,03 millions d'euros et 8,95 millions d'euros de dons auprès des particuliers (Sources : rapport financier 2008 Greenpeace, et rapport d’activité WWF 2008).

Si l’on regarde de plus près les autres contributeurs, on se rend compte que pour Greenpeace, hormis une aide de la structure internationale, rien ou presque ne vient compléter les dons des particuliers, l’ONG refusant les dons des entreprises. Au WWF en revanche, ceux-ci représentent plus de 2,5 millions d’euros, à ajouter à d’autres sources de revenus telles les subventions publiques. Au total, pour l’année 2008, Greenpeace a bénéficié de 9 544 000€, et le WWF de 12 806 000€.

Quand on voit leur rayonnement et leurs actions avec de tels dons, on ne peut que rêver à ce qu'elles feraient avec plus… "Plus", justement, c'est le mot qui est sur toutes les lèvres puisque les dons des particuliers aux deux ONG ont progressé de 12% (Greenpeace) et 13% (WWF) par rapport à l'année précédente (2007).


2. Les formes de don

Le don par internet, évidemment. Vous allez sur le site de l'association ou de l'ONG de votre choix, cliquez sur le rubrique "dons (impossible de la manquer, quel que soit le site web), rentrez le montant de votre choix, appuyez sur "entrée". Votre compte en banque est débité, votre conscience soulagée.

Le don de la main à la main. Les journées de collecte de la Croix Rouge par exemple. Des jeunes gens partout dans les rues, en tenue d'apparat, vous alpaguant et secouant leurs tirelires qu'on dirait sorties des tranchées de la guerre de 14 pour réveiller votre sensibilité. Deux ou trois pièces, un billet et le tour est joué.

Que vous préfériez donner discrètement par internet ou directement de la main à la main, vous devez vous interroger sur la nature de l’organisme à qui donner. Un petit tour sur le site www.aquidonner.com devrait vous aider à faire votre choix : vous y trouverez notamment un comparatif d’associations et pourrez trouver celle qui vous correspond le mieux.

Surprise lorsque l’on consulte les documents auxquels nous nous référons dans les pages précédentes (le rapport d’activité du WWF notamment), le leg représente une part de dons loin d’être négligeable, environ 10% des dons manuels du WWF pour la période 2007/2008 par exemple (597 000€). De leur vivant, certaines personnes inscrivent dans leur testament la transmission de tout ou partie de leur patrimoine à ces organismes, la loi permettant de le faire “à condition qu'ils soient reconnus d'utilité publique”.

Mais d'autres formes de don existent, moins connues. C'est le cas du microdon.

"Le micro quoi ?"

Le microdon.

Le principe ? Donner un peu, plus souvent. L'entreprise Microdon se définit elle-même comme une entreprise citoyenne. Leur objectif ? Collecter, pour des initiatives associatives, une multitudes de micro-dons de quelques centimes, qui bien sûr une fois réunis représenteront une somme conséquente. Comment récolter ses centimes ? Directement à la source, à savoir sur la feuille de paie des salariés à chaque fin de mois. Si vous touchez un salaire net de 1543,27€ alors les 27 centimes vous seraient prélevés automatiquement pour alimenter un fonds commun. C'est une des méthodes proposées, celle de "l'arrondi".

Il faut bien se rendre compte que l'on parle là d'un modèle qui fonctionne et qui a déjà fait ses preuves ailleurs. Où ? En Angleterre par exemple. Depuis 1987, ce que l'on appelle là-bas "Payroll giving" permet aux employés qui le souhaitent de donner leurs centimes "en trop" à des oeuvres de charité. Le résultat : plus de 100 millions de livres récoltées chaque année.

D’ailleurs, l’idée même du microdon en France, Pierre-Emmanuel Grange, le président de la société, ne l’a pas sortie de son chapeau, mais l’a importée du Mexique : c’est lors d’un séjour là-bas, en payant plus cher à la caisse d’un supermarché que ce qu’il avait prévu, qu’il s’est rendu compte que son petit “extra” allait directement servir à aider des oeuvres caritatives.

La leçon à retenir de tout ça, c’est qu’il faut "savoir donner, sans rien attendre en retour". Les Français le faisaient déjà,continuent de le faire aujourd’hui, et ce n’est pas parce que Florent Pagny l’a chanté dans “Savoir aimer”. En tout cas pas seulement.

Régime Dukan: consommer plus pour maigrir plus (ou moins)

Article précédent

Selon la NASA, la fonte des glaces s’accélère

Article suivant

Tu pourrais aussi aimer

commentaires

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *