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Les îles Carteret : une nouvelle Atlantide ? 3/3

Judith Jakubowicz.

L’érosion de la terre de l’île par la mer crée, au-delà des enjeux d’agriculture dévastée, une diminution de l’état habitable. Le fait est simple : l’île rétrécie. Il y a donc moins d’espace pour planter de nouveaux arbres, arbustes ou racines à fruits comestibles, et également moins de possibilité d’agrandissement des huttes en cas d’élargissement de la famille. On comprend bien en discutant avec les habitants la difficulté de se projeter dans quelques années : si ce phénomène s’intensifie, l’île sera amenée à disparaître…

Il faut aussi considérer les problèmes environnementaux posés par le réchauffement climatique sur les écosystèmes sous-marins. Effectivement, les récifs de corail subissent des blanchiments dus à la hausse de la température de l’eau en surface. Or, ces coraux abritent non seulement tout un écosystème sans lesquels il ne peut pas survivre mais ils sont aussi, selon la tradition des habitants des Carteret, des lieux sacrés.

L’association Tulele Paisa, créé en 2006 et dirigée par Ursula Rakova, vise à protéger les Carteret et souhaite organiser la relocalisation de 83 familles sur Bougainville, dans la ville de Tinputz. Pour cela, l’ONG affirme aujourd’hui avoir besoin de 120.000 US$ aujourd’hui non alloués par le gouvernement Papou. Il veut donc faire appel à la générosité de la communauté internationale pour les aider à collecter cette somme. Effectivement, la construction des maisons en matériaux semi-permanents, la création de champs cultivables et de cultures de rente coûte près de 6000 kinas, soit environ 2300 US $ par famille.

Force est de constater que ces 120000 US $ ne couvriront donc pas tous les frais nécessaires pour l’installation des 83 familles sur la terre ferme mais permettra de faire largement avancer ce projet de relocalisation, unique chance de survie pour ces Papous que la mer menace.

Des tentatives sont amorcées pour faire reculer l’avancée de la mer : la plantation de mangroves ou la construction de barrières. Dans le premier cas, les graines de mangroves ont principalement servies à nourrir des petits poissons vivant près de l’île et les mangroves ont peu poussé et sont en faible nombre (cf. photo). Pour les murs de mer, ceux-ci sont constitués de coquilles de palourdes et de coraux emprisonnées dans des cages de fi l de fer. Malheureusement ils n’ont pas su empêcher les marées géantes de dévaster leurs cultures.

Les habitants des Carteret sont conscients des enjeux du projet de relocalisation; cependant,  pour certains aïeuls , leur profond attachement à ces terres les empêche de se projeter ailleurs que sur leur îles de paradis. « J’ai un rêve, celui qu’au lieu d’être déplacés, on apporte du sable, beaucoup de sable : suffisamment pour élever le niveau de mon île et que la mer cesse de l’envahir. Pourquoi est-ce cela devrait rester un rêve ? (…) C’est chez moi ici, mes ancêtres sont enterrés sous ce sable, je ne partirai jamais », raconte Rufina Moï, une des leaders d’opinion de l’île, en étouffant un sanglot.

Ces aïeuls se contentent alors de montrer le chemin aux nouvelles générations. Les pieds bien ancrés dans le sable fin, ils pointent le doigt vers le large, dans la direction à suivre…

Pour contacter Ursula Rakova et soutenir les habitants des Carterets : ursula@online.net.pg

Judith Jakubowicz

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