Introduction
Nos dirigeants pensaient, il y a quelques semaines, que la France était sous le coup d’une menace terroriste. Déclarations tapageuses, alertes à la bombe à la Tour Eiffel ou dans les gares, pour finalement ne plus en entendre parler quelques semaines plus tard. Si la menace n’était peut-être pas terroriste, elle pourrait néanmoins être bien présente. Sauf que les autorités n’ont simplement pas surveillé le bon endroit. . Le large et ses satanées marées de toutes les couleurs. Qu’elles soient vertes, rouges ou noires, elles promettent de nous pourrir la vie dans les années à venir.
Les marées vertes
Même si elles ne datent pas d’hier mais plutôt des années 70, ces marées ont pris une ampleur exceptionnelle au cours des 5 dernières années.
A l’origine de ces marées vertes dont les émanations avaient terrassé un cheval en 2009, il y a… les élevages de porc de la Bretagne et les engrais utilisés dans l’agriculture. Les déchets des porcheries voisines du littoral et les engrais finissent en effet dans les rivières puis dans l’océan, apportant dans celui-ci de fortes doses de nitrates. Nitrates dont se nourrit l’espèce d’algue incriminée, l’ulve, d’où sa croissance impressionnante. Les algues se multiplient donc au large, puis atteignent les côtes quand la marée monte, et se déposent l’air de rien sur les plages quand l’océan se retire. Le résultat : des plages entières recouvertes d’une couche d’algues gluantes les rendent impropres (jeu de mots) à toute activité. Le problème ne s’arrête pas là puisqu’une fois à l’air libre, les algues se décomposent et dégagent alors de l’hydrogène sulfuré, celui-là même qui est à l’origine de l’odeur d’oeuf pourri. Les plages salies deviennent alors puantes. Beau programme.
Pour éviter ces désagréments, les municipalités bretonnes concernées organisent donc des ramassages des algues vertes et l’Etat lui-même vient fourrer son nez là-dedans. Au début de l’année, on annonçait donc que 40 millions d’euros seraient consacrés en 2010 à la lutte contre les marées vertes pour en diminuer le volume d’au moins 30% d’ici 2015, qu’une aide à la méthanisation des déjections animales seraient proposée aux éleveurs, que ces derniers devraient développer des projets de réduction de leurs émissions de nitrates, et que la piste d’un développement d’une filière dédiée au compostage des algues était étudiée. Mais les résultats d’un tel plan ne seront pas visibles avant de trop longues années. Il n’y a plus qu’à attendre…
Les marées noires
Que vous dire de plus que ce que nous avons déjà dit dans ces pages ? Et que vous apprendre de plus que ce que vous savez déjà sur le sujet, battu et rebattu dans tous les médias ? Pas grand chose.
Alors nous vous proposons une petite parenthèse "culture générale" : savez-vous quelle est la première grande marée noire de l’Histoire ? Celle du Torrey Canyon en 1967, dans la Manche. Ce sont les côtes françaises et britanniques qui en souffriront. Et vous ne devinerez jamais quelle compagnie avait affrété le pétrolier pour livrer l’or noir aux Pays de Galles ? Eh oui, BP. Le même BP de la marée noire du Golfe du Mexique. Pour vous en convaincre, nous vous renvoyons à la chanson "Torrey Canyon" de Serge Gainsbourg, extrait de l’album "Initials B.B.", où l’homme à la tête de chou cite nominalement "British Petroleum". Parce que oui, Serge Gainsbourg a interprété le "Torrey Canyon". Et pour tout vous dire, la chanson est plutôt géniale et nous vous invitons à l’écouter ici. A l’époque, les dirigeants britanniques ont trouvé bon de balancer des dispersants et des détergents dans la mer pour “nettoyer” tout ça. Mauvaise pioche puisque des années plus tard, ces produits ce sont avérés plus toxiques que le pétrole brut.
Voilà. On aurait tout aussi bien pu vous parler des bateaux de plus en plus vétustes ou des forages de plus en plus risqués entrepris par les grands groupes pétroliers, vous rappeler l’Amoco Cadiz, l’Erica, l’Exxon Valdez ou le Prestige, mais avouez que cela aurait été bien moins original…
Les marées rouges
La nouvelle venue dans la famille des catastrophes écologiques. Il y a bientôt deux semaines, un bassin de rétention d’une usine de bauxite-aluminium hongroise cédait et ce sont plus d’un million de mètres cubes de cette boue rouge qui se sont déversés dans la rivière voisine.
La coulée de boue a déferlé sur les villages voisins, faisant 4 morts et plus de cent blessés, et des dégâts matériels considérables. Cette boue n’est pas que "rouge", elle est aussi corrosive et présente un pH très élevé. Dans la rivière proche de l’usine, c’est au triste spectacle de centaines de poissons morts flottant à la surface qu’assistent les habitants de la région. En attendant, la boue a déjà rejoint le Danube, qui sillonne à travers la Hongrie, donc, mais aussi la Croatie, la Serbie, la Bulgarie et la Roumanie avant de se jeter dans la Mer Noire. Gare aux conséquences écologiques de très grande ampleur.
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