Nos bibliothèques ont du souci à se faire : si le marché du livre numérique ne représentait en 2009 qu’1% du chiffre d’affaire de l’édition, il est promis à un brillant avenir. L’arrivée de l’Ipad, les abonnements couplés presse/livres, et les innovations en matière de contenus enrichis n’y sont pas pour rien.
Mais avant de vider ses étagères pour les troquer contre un engin informatique nouvelle génération, il convient d’apporter quelques précisions. Si on est en droit de penser qu’un liseur de livres numériques est écologique, en cela qu’il lutte contre la déforestation en supprimant le coût environnemental de l’impression des livres (125 millions d’arbres abattus en 2008 rien que pour le marché américain), les Kindle & Co ne pourront pas sauver la planète.
Leur facture énergétique doit en effet être améliorée, cela va sans dire : d’après une étude commandée par la maison Hachette et menée par la société Carbone 4, une tablette de lecture numérique dégagerait… 250 fois plus de CO² par an qu’un livre papier. En outre, « il faudrait donc lire au moins 80 livres numériques par an pendant trois ans avec la même liseuse pour l’amortir écologiquement » (source SNE). Pour être un lecteur parfaitement geek et écolo, autant prévoir de passer tous vos week-ends l’appareil à la main.
Un bilan carbone nettement défavorable au liseur, donc. Si la technologie de l’encre numérique promet de belles avancées en matière environnementale, il n’en demeure pas moins qu’il faut encore de l’énergie pour stocker les livres numérisés sur des serveurs puissants, et que les batteries composées en ion lithium n’obéissent pas aux préceptes du développement durable.
Nombreux sont donc ceux qui prônent, en attendant des liseurs plus écolos, l’accroissement de l’utilisation du papier recyclé pour l’impression des livres. Le « livre-Gutenberg » comme l’a surnommé Beigbeder, a encore de beaux jours devant lui face au livre numérique…
Retrouvez Sébastien Lévrier, auteur de cette série, sur son site Internet, Le Globe Lecteur.fr |
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