Le compostage à la maison

Introduction

Aujourd’hui, le devenir des déchets produits par les foyers est devenu un vrai problème. Regroupés sous le terme "déchets ménagers", ils représentent des quantités dont on n’a bien souvent aucune idée. Ainsi, , soit environ un kilo par jour et par habitant. Les formes prises par ces déchets sont diverses : déchets de cuisine, emballages en carton ou en plastique…

De ces 360 kilos de déchets, l’Ademe (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) estime que 20% seulement sont recyclés, et que les 80% restants sont incinérés ou enfouis dans les décharges. Et malgré les efforts que mettent en place industriels et distributeurs pour réduire leur participation dans ce flot d’ordures (on citera par exemple Leclerc qui vend des tubes de dentifrice sans emballage, ou Puma qui supprime les cartons de ses chaussures), la quantité de déchets produits continue d’augmenter de 1 à 2% chaque année. Dans certaines régions, le circuit de traitement fonctionne à flux tendu, et les collectivités ne pourront un jour tout simplement plus traiter toutes les ordures, en témoignent les milliers de décharges illégales réparties partout en France.

Si industriels et distributeurs font des efforts de leur côté, il faudrait que les Français en fassent aussi du leur. En fassent "encore", devrait-on dire, après les incitations au tri des déchets des dernières années. Et comment soulager sa poubelle facilement ? En la privant des déchets périssables, c’est-à-dire des épluchures de cuisine, des restes de repas, de la nourriture jetée, des déchets de jardin et de tonte, voire même de carton.

La solution tient en 3 syllabes : le COM-POS-TAGE. Qu’est-ce que le compostage ? Est-ce que c’est sale de composter ? Est-ce que l’on peut en tirer un vrai bénéfice ? Nous allons voir ça dans les pages suivantes.

1. Qu’est-ce que le compostage ?

Composter chez soi, cela revient à priver sa poubelle classique de déchets dont elle peut aisément se passer, et à prendre en charge vous-même leur traitement. Plutôt qu’une combustion qui vous débarrasserait mais rejetterait aussi sa dose de carbone, le compostage est une solution simple qui consiste à regrouper les déchets et à laisser la nature faire son oeuvre. Des micro-organismes se chargeront de leur faire leur fête, de les réduire à une sorte de terreau final.

Si vous avez la chance d’avoir un morceau de terrain à vous, il n’y a rien de plus facile que de composter vos déchets: vous les entreposez à même le sol (ou mieux, sur un lit de branchages, histoire de les laisser respirer) et vous ne vous en occupez pas ou presque. Une fois disposés, un coup d’arrosoir dessus pour humidifier le tout, et il suffit de laisser la nature agir. Des bactéries vont se former, bientôt rejointes par d’autres micro-organismes, puis par une foultitude d’insectes qui se nourriront de vos épluchures de pommes de terre et autres. Allez remuer tout ça de temps à autres avec une fourche pour aérer le tout et empêcher la pourriture de s’installer et le tour est joué. Une fois le processus terminé (comptez tout de même 5 mois environ du début à la fin), vous obtenez un beau compost, prêt à alimenter sainement le petit coin potager que vous avez aménagé dans votre jardin.

2. Est-ce que c’est sale de composter ?

Oui et non. Oui parce que cela concerne les déchets que vous jetez habituellement à la poubelle. Et oui parce que cela ne concerne des déchets "qui sentent". Imaginez une poubelle dans laquelle traînent depuis 4 jours deux peaux de banane, des pelures d’oignons et des coquillettes que le petit dernier n’a pas voulu finir, et vous avez le topo. Mais l’avantage du compostage, c’est qu’il s’effectue en extérieur. Pas d’odeurs nauséabondes qui surgissent de sous l’évier ou du placard puisque tout est à l’air libre. Et si votre compost est bien entretenu (posé sur un lit de branchage pour l’aération, et non pas dans un creux qui accumulerait l’eau, et brassé régulièrement par vos soins), il ne présente aucun risque de pourrissement et donc d’odeurs. Les ordures seront vite plus ou moins sèches, et les insectes y feront leur travail de dégradation en toute tranquillité, sans odeurs particulières.

La pollution possible d’une telle installation peut par contre être visuelle: un "coin à compostage" reste ni plus ni moins qu’un tas de déchets en plein air. Essayez de le dissimuler autant que possible pour le bien de tous.

En ville et en immeuble, une autre sorte de composteur existe, appelé “lombricomposteur”. Mais plutôt que des mots vous expliquant comment les vers de terre peuvent se muer en poubelle vivante, nous vous conseillons de visionner la vidéo ci-dessous, extraite de “Côtés jardins” sur France 3. Vous allez le comprendre, ici il n’y a aucun risque de voir se balader des lombrics partout chez vous, ceux-ci étant enfermés dans le composteur.

Aujourd’hui le lombricomposteur est un supplément à votre cuisine. Demain, il sera directement présent à l’achat de celle-ci, comme dans cette cuisine imaginée par les designers de l’agence Faltazi, pensée pour l’élimination des déchets avec compacteur de déchets et bac à lombricompostage intégrés.

Si vous n’envisagez pas la solution individuelle de compostage citadin, sachez qu’en France, des solutions collectives émergent ici et là. A Paris par exemple, la Ville teste depuis quelques mois des bacs à compostage dans le XXème arrondissement avec l’objectif de faire diminuer le volume des poubelles de 70 kilos par an et par habitant dans les foyers concernés par la mesure. Et d’autres expériences sont déjà en cours dans la capitale, idées d’associations ou de copropriétaires, au pied des immeubles.

3. Peut-on en tirer un vrai bénéfice ?

Oui, oui, et oui. Le compost obtenu vous permettra d’alimenter votre potager. En le déposant simplement au pied des vos plantes, le compost aura un effet bénéfique et nourrira votre sol, vous dispensant ainsi des engrais chimiques traditionnels. Pour plus de conseils sur la bonne utilisation du compost dans votre jardin, nous vous renvoyons sur www.compostage.info.

En plus du bénéfice que vous pouvez en tirer, la collectivité locale de laquelle vous dépendez profitera également de votre geste éco-citoyen, et encore plus s’il est suivi par d’autres : moins de déchets à traiter (environ 1/3 de moins au total), c’est moins de camions envoyés pour faire la navette entre chez vous et le centre de traitement, c’est moins de carbone rejeté dans l’atmosphère, c’est une taxe "ordures ménagères" qui arrêtera d’être revue à la hausse… Pas d’impact négatif à l’horizon. Témoin la ville de Besançon qui aide ses habitants dans l’achat d’un composteur de jardin, et qui a vu en 2009 la masse d’ordures à traiter baisser de 4000 tonnes, réalisant du même coup un économie de 600 000€.

Et puis le bénéfice moral (on en revient souvent là) : savoir que vous oeuvrez, dans votre petit jardin, à votre petite échelle, à la fois pour la communauté et la planète en ne produisant quasiment aucun effort, ça a de quoi rendre fier. Non ?

+ d’infos : le guide du compostage de l’Ademe