Monsieur Borloo est aux affaires écologiques depuis presque 3 ans. D’abord "Ministre de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables", puis "Ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de l’aménagement du territoire", avant de gagner le titre de "Ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat". Ouf.
Celui que nous appellerons simplement le "Ministre de l’écologie" est arrivé en juin 2007 à sa fonction, remplaçant Alain Juppé, démis de ses fonctions à la suite de sa défaite aux législatives. Que l’on adhère ou non à la politique d’ensemble du gouvernement, force est de reconnaître que Jean-Louis Borloo s’est démultiplié sur le front vert depuis sa prise de fonction.
Son mandat est pour l’instant marqué par deux grands évènements :
Le Grenelle Environnement, "son" projet de loi. Sans détailler à nouveau le processus dans le détail, il s’agissait d’une série de rencontres autour du thème de l’environnement décliné en sous-thèmes (énergie, transports, biodiversité…), qui ont abouti à une loi dite "Grenelle 1" posant sur le papier les engagements pris lors des rencontres et une loi "Grenelle 2", prolongement opérationnel de la première. Le tour de force du Ministre aura été non seulement de mettre le thème de l’écologie sur le devant de la scène (ce qui n’avait jamais été fait auparavant à un tel niveau), mais aussi de faire asseoir à une même table associations écologistes, ONG environnementales, lobbies et gouvernants, et d’obtenir des résultats. La loi Grenelle 1 a été adoptée par l’Assemblée Nationale en Juillet 2009, tandis que Grenelle 2 est toujours dans les "tuyaux" adminstratifs, menacée par le retrait de la Fondation Nicolas Hulot de la table des négociations, et l’exigence du WWF d’une table ronde entre ONG et Nicolas Sarkozy.
La conférence de Copenhague a été son second cheval de bataille. Mais si le Ministre de l’Ecologie a été unanimement reconnu comme un des moteurs de la conférence et salué pour son engagement, il n’a en revanche pas réussi à empêcher le fiasco.
Au delà de ces 2 grands sujets, de multiples initiatives ont marqué son mandat de Ministre de l’écologie. On soulignera en particulier le bonus malus automobile : une incitation financière à acheter des voitures neuves moins gourmandes en carburant, et un malus à payer pour les conducteurs de voitures énergivores. Cette mesure a permis une augmentation des ventes de 45% des voitures les moins gourmandes en essence, et une baisse de 40% de celles très gourmandes en carburant.
Travailleur et passionné, souvent présent sans être surexposé,
Jean-Louis Borloo est donc un Ministre de l’écologie engagé et
apprécié (60% d’opinions favorables en juin 2009). Mais cela suffit-il à faire changer les choses ? Pas sûr. Les dernières semaines ont semblé trahir un desintéressement du monde politique pour les questions environnementales. On a ainsi assisté successivement au refus de la CITES d’interdire le commerce (et donc la pêche) du thon rouge de Méditerranée et à la suspension du projet de Taxe Carbone par un Nicolas Sarkozy sous influence des cadres de son parti, l’UMP.
Si le Ministre a su profiter avec brio de l’annonce du Grenelle de l’Environnement pour donner à l’Ecologie une place sans précédent dans l’espace public français, la partie est loin d’être gagnée. Sa détermination et sa popularité ne seront pas de trop pour forcer un gouvernement en difficulté à aller au bout de son initiative pour créer une société durable.
Demain (6/7) : Alter Eco
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