D’après l’Association française des sociétés d’autoroute, la longueur totale du réseau autoroutier concédé était de 9158,1 km en 2017.
Pour arriver à un tel maillage du territoire, des travaux pharaoniques et très coûteux (environ 6 millions d’euros pour un kilomètre d’autoroute) ont été nécessaires : pour le terrassement d’un seul kilomètre d’autoroute, de 20 à 30 000 tonnes de granulats sont nécessaires. Quant à l’enrobé, si les chiffres varient selon les sources, comptez au moins 2000 tonnes pour recouvrir ce même kilomètre d’autoroute. Nos belles A6, A7 et autres A86 mobilisent d’énormes ressources naturelles ainsi qu’une formidable logistique, affichant un bilan carbone assez peu reluisant… Ajoutons à cela le fait que le revêtement (l’enrobé) est composé pour partie d’un dérivé du pétrole, et vous obtenez une infrastructure dont la construction peut être qualifiée de « polluante », tout simplement.
Eurovia, filiale de Vinci spécialisée dans les infrastructures routières, vient peut-être de trouver une parade à cette pollution inhérente à son activité : l’entreprise recycle ses autoroutes. Auparavant, refaire une portion de route à péage consistait à déconstruire les voies existantes, et à les refaire à neuf, en générant au passage des centaines de tonnes de déchets. Mais Eurovia a développé un système permettant de récupérer ces déchets, de les trier, les séparer, et en faire à nouveau de l’asphalte. Tout cela se passe dans une usine mobile montée par la société de construction en bordure de chantier : à Saint-Aubin-de-Blaye en Gironde, où a été testé ce système grandeur nature, l’usine mobile a permis le recyclage sur place de 3000 tonnes d’enrobé arrachées à la chaussée, évité le prélèvement de matières premières dans les carrières, et empêché des camions de parcourir des milliers de kilomètres pour transporter les matériaux nécessaires au chantier. Le résultat, c’est un bitume recyclé à 98% (les additifs comptent pour 2%) pour la première fois en France et dans le monde, sur un petit kilomètre qui aura servi de test à Eurovia.
L’essai, couronné de succès, a semble-t-il encouragé l’entreprise à poursuivre dans cette voie, elle qui envisage d’emporter son usine mobile sur de futures très gros chantiers. Bien évidemment, la solution la plus écologique pour se déplacer reste toujours les transports en commun : cela n’empêche toutefois pas de présenter les efforts des géants du bâtiment pour atténuer leur empreinte carbone délirante.
Photo : www.eurovia.com
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