Au début du XXe siècle, jusqu’à 5 millions d’éléphants sauvages vivaient en Afrique. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 415 000 sur tout le continent, et l’espèce est « vulnérable » d’après l’UICN, l’organisme mondial qui se charge de classer les espèces animales selon leur danger de disparition.
Pourtant, d’après les chiffres officiels, il est un pays où l’éléphant se porterait comme un charme : au Botswana, depuis une trentaine d’années, la population de pachydermes a quasiment triplé pour atteindre 135 000 individus, soit un tiers du contingent continental dans un pays dont le territoire est un peu plus petit que celui de la France, et qui compte de nombreuses aires protégées. Seulement, ces aires n’étant pas clôturées, les mammifères sont libres d’aller et venir, occasionnant d’importants dégâts sur les terres cultivées du pays, qui entraînent eux-mêmes de graves répercussions économiques pour les agriculteurs locaux.
Le gouvernement botswanais a alors présenté une solution toute simple (qui a dit « simpliste » ?) : réautoriser la chasse à l’éléphant pour réguler les populations. Ainsi, environ 400 permis de tuer seront désormais délivrés chaque année par les autorités locales, qui récupéreront évidemment en échange des espèces sonnantes et trébuchantes.
La décision n’a pas manqué de faire réagir les organisations de protection de la nature : « condamnation » par la Fondation 30 millions d’amis, une idée qui « va à l’encontre de tous les efforts internationaux pour protéger ces géants » pour l’ONG Human Society International, etc… Les craintes que la reprise de la chasse s’accompagne d’un retour progressif du commerce légal de l’ivoire sont aussi bien présentes : si le commerce légal reprend, la demande augmentera mécaniquement, et avec elle les circuits parallèles alimentés par le braconnage. Si nous n’en sommes pas encore là, cette perspective a de quoi effrayer.
Le pays d’Afrique australe justifie sa décision : toutes les tentatives précédentes (installation de clôtures temporaires, creusement de puits pour fixer les animaux) de réguler les mouvements des populations de pachydermes sur son territoire se sont révélées inefficaces. Dès lors, la chasse serait pour lui le dernier recours pour empêcher ces milliers d’éléphants d’atteindre le seuil critique au-delà duquel ils auraient un impact négatif sur la végétation locale.
Chacun se fera son idée…
Photo : S.imeon/Flickr/CC
commentaires