Dans la grande famille des sources d'énergies renouvelables exploitée par l'homme, souhaitons la bienvenue à… nos excréments. Après tout, pourquoi ne pas profiter de cette manne, au même titre que les déchets alimentaires ou les rebuts de la grande distribution, qui appartiennent eux aussi à la catégorie des "matières organiques en décomposition". C'est d'ailleurs cette phase de décomposition de la matière qui intéresse les spécialistes du milieu, puisqu'elle libère des quantités non négligeables de chaleur et de biogaz. Ne reste plus alors qu'à piéger ce dernier et à le mettre en réservoir, comme notre bon vieux gaz de ville.
Pour l'usage, la société britannique GENeco a sa petite idée : elle a mis au point un bio-bus alimenté uniquement par du biogaz issu de la décomposition d'excréments, de restes alimentaires et d'eaux usées. Ce poids-lourd pas comme les autres assure la navette sur une trentaine de kilomètres entre la ville de Bath et l'aéroport de Bristol au Sud-Ouest du pays. Selon ses concepteurs, pour assurer 300 km d'autonomie à leur bus, il leur faut exploiter les déchets annuels de cinq personnes. Cela explique les cinq personnages assis sur leurs toilettes qui décorent la façade du bio-bus.
La technique de récupération du biogaz présente un triple avantage environnemental : d'abord elle donne une vraie valeur aux déchets, quels qu'ils soient, et limite ainsi leur dispersion ici et là. Ensuite, aplliquée au transport, elle limite les émissions de CO2 de plus de 80% par rapport à un véhicule à essence, certaines estimations allant même jusqu'à 95% d'émissions en moins. Quant à la production de cette ressource, elle peut être locale (des eaux usées, des excréments et des déchets, ce n'est pas ce qui manque sur Terre), évitant ainsi une phase de transport de la matière première qui joue pour beaucoup dans le bilan carbone final d'un produit.
Si la France exploite déjà très sporadiquement l'énergie des eaux usées, le temps semble venu de franchir une étape supplémentaire.
Photo : Youtube
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