Crédit photo : Benjamin Colombel
Le journaliste revient sur cette tempête politique montrant comment les
industriels du pétrole, du charbon et de l’automobile ont placé leurs
agents d’influence au cœur même de l’administration américaine.
Pour rappel, les États-Unis émettent à eux seuls 30 à 35% du total des
gaz à effet de serre d’origine humaine. C’est la première puissance
économique dont le développement repose principalement sur l’émission
de gaz carbonique.
Voici 2 questions que France 4 a pu poser au réalisateur, en guise d’introduction. A quelques jours de sa diffusion … et à quelques jours du début de la conférence de Copenhague, c’est un éclairage intéressant sur une des industries les plus polluantes de la planète.
France 4 : Comment est né ce projet d’enquête documentaire?
Paul Moreira : Le documentaire met en lumière l’action des négationnistes climatiques.
Il s’intéresse principalement à des gens qui ne sont pas des scientifiques mais des avocats
au service d’industries qui n’ont aucun intérêt aux mesures contre le réchauffement climatique.
Je ne remets pas en cause la nécessité du doute. A condition qu’elle soit motivée par
des principes vraiment scientifiques et pas des intérêts financiers. Or ces gens ont fait prendre dix ans de retard à la planète. Pour cela, ils ont infiltré l’appareil d’état au plus haut niveau.
C’est une histoire incroyable de manipulation d’une politique publique par des hommes que je n’arrive pas à qualifier autrement que d’agents secrets au service du pétrole… Au départ, j’avais réalisé pour Canal plus, il y a deux ans, un documentaire sur la voiture : "Mourir pour la voiture ?".Pendant cette enquête, je suis tombé sur ce réseau d’agents d’influence au service de l’industrie pétrolière, automobile et charbonnière. Ceux que les écologistes appellent le "Carbon Club". Leurs activités étaient discrètes, jusqu’à ce qu’un lanceur d’alertes, un whistle blower, les dénonce a la presse. Et brusquement, les voilà convoqués devant une commission d’enquête au Congrès. Tout s’est fait très vite.
France 4 : Comment avez-vous réussi à vous introduire dans ce milieu?
P.M : Les lobbyistes publics sont faciles à rencontrer. C’est leur job de parler à la presse. Ceux qui sont impossible à coincer sont ceux qui réussissent à acquérir une position au sein de l’appareil d’état. Je pense notamment à Philip Cooney. Pour mémoire, Al Gore dans son film mondialement célèbre, "An unconvenient truth", signale son existence mais il n’a aucune photo du bonhomme. Alors il se contente d’écrire en grand son nom sur l’écran de sa conférence.
Si nous avons pu filmer Cooney c’est grâce aux auditions du Congrès. Il était obligé de venir.
Diffusion : France 4 – 9 décembre 2009 – puis en VOD.
Production : PREMIERES LIGNES TELEVISIONS
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