Ecologie & Société

Coupe du Monde: la poule des Bleus est-elle verte ? (3/3)

Introduction

. Avant de soulever le trophée (car la France sera championne du monde, au cas ou vous ne seriez pas au courant), il faudra à nos Bleus se dépêtrer de nombreux adversaires, et ce dès le premier tour de la compétition, où 3 nations nous sont opposées.

Subissent-elles aussi des scandales écologiques dont nous n’aurions pas vent en France ? Quel genre d’initiative pourrait montrer la voie à suivre en matière d’écologie ? Et, question subsidiaire: quel rapport entretient le pays avec l’animal qui le symbolise ? Nous vous avons proposés dans les jours précédant l’ouverture du Mondial un coup de projecteur sur chacun des adversaires des Bleus. Dernier opposant de l’équipe de France observé aujourd’hui avec l’Uruguay, qu’elle rencontre dès demain.


1. Des scandales écolo, comme partout

Botnia uruguay

Le pays doit son nom au fleuve Uruguay, qui marque la frontière physique avec le voisin argentin. Ce fleuve est depuis quelques années l’objet d’une bataille écologique opposant ses deux "occupants".

En effet, au mépris d’un traité datant d’un quart de siècle, le gouvernement uruguayen a lancé la construction de deux énormes usines de pâte à papier. Une seule a été construite, pour le compte d’un papetier finlandais. Elle reverserait directement dans le fleuve de nombreux produits toxiques (dont le chlore, produit chimique de base utilisé par l’industriel dans le blanchissement du papier alors qu’il existe d’autres techniques avec des produits bien moins dangereux), en plus du rejet dans l’atmosphère de fumées toxiques qui causeraient des "dommages irréversibles à l’écosystème du fleuve" selon l’Argentine.

Le scandale a mêlé les gouvernements des deux pays, mais aussi leurs citoyens, des associations… Les deux pays sont allés jusqu’à s’affronter à la Cour de justice internationale de La Haye, qui a récemment confirmé que l’usine pouvait continuer son activité. Les deux pays voisins autrefois amis ont ainsi vu leurs relations se dégrader fortement par le biais d’une attaque à l’environnement. Comme quoi…


2. La voie à suivre

Fernandez Vazquez

Ce petit pays qu’est l’Uruguay, empêtré dans sa dispute avec son voisin argentin au sujet d’une usine de papier, se devra maintenant de suivre la voie tracée par les récents développements de l’affaire devant la Cour Internationale de Justice de La Haye. Celle-ci a donné tort à l’Uruguay pour avoir violé unilatéralement un traité signé 25 ans auparavant avec l’Argentine et portant sur la préservation de l’environnement du fleuve frontalier.

Les présidents des deux pays, Christina Kirchner et Tabaré Vazquez, se sont récemment rencontrés et se sont donnés 60 jours pour résoudre les problèmes qui se posent. Celui de la pollution de la rivière évidemment, mais aussi celui des rapports avec les associations écologistes locales : depuis environ trois ans et demi, des militants d’une association ainsi que les riverains du complexe industriel se relaient pour bloquer la circulation sur un pont reliant l’Argentine à l’Uruguay et empêche tout transport de biens et de personnes dans cette région. Résultat : un million de tonne de marchandises en moins et un manque à gagner de plusieurs dizaines de millions de dollars pour la région uruguayenne ainsi coupée de sa voisine argentine.

Quant aux populations rurales habitant à proximité de l’usine et vivant du produit de la terre, elles craignent de ne plus pouvoir vendre leurs légumes nourris à la dioxine ou le produit de leur pêche dans le fleuve ainsi pollué, et appuient donc ce mouvement de blocage. Une situation que la Présidente argentine Christina Kirchner avait pris soin de ne pas débloquer ces dernières années, comme une petite vengeance prise sur la violation du traité environnemental par l’Uruguay.

A présent que l’heure semble être à la réconciliation, les deux chefs d’Etats ont en plus annoncé vouloir s’entendre sur des critères de surveillance de la bonne santé du fleuve, ainsi que sur un mode de résolution commun des problèmes chroniques liés à celui-ci. Bon début, mais pendant ce temps là, l’usine à papier tourne toujours…


3. Les animaux symboles

hornero 460

Pas un seul symbole animal pour l’Uruguay, mais deux ! Leurs noms ne vous diront sans doute rien mais ils n’en restent pas moins intéressants. La paruline couronnée (ou hornero, comme ils disent là-bas) est un petit passereau présent partout dans le pays où il passe ses mois d’hiver, après avoir fui les froids rigoureux d’Amérique du Nord. Sa particularité ? Il construit de petits nids qui ressemblent à des fours à pain fixés à une branche d’arbre.  Et s’il se fait piquer son nid par un autre oiseau, il peut "fermer le four" et emmurer ce sale voleur. Que ce dernier s’estime heureux, au Moyen-Age, on lui aurait coupé une aile.

Nandu

L’autre oiseau emblématique du pays, c’est le nandou. Le plus gros oiseau du continent américain (pas le plus grand, c’est le condor) est un cousin de l’autruche et de l’émeu. Comme ses cousins, il ne peut pas voler, mais cela ne l’empêche pas de pouvoir galoper à 65 km/h si le besoin s’en fait sortir. Mine de rien, le nandou est deux fois plus rapide qu’Usain Bolt, le champion olympique de 100 mètres. Peut-être une solution pour la petite République d’Uruguay de ramener enfin une médaille d’or olympique au pays ? Malgré ses qualités de sprinteur, le nandou est un oiseau menacé : chassé par les populations qui l’accusent de se servir dans les cultures, leurs oeufs et leur graisse sont consommés sur le continent américain, et ne participent pas franchement à la survie de l’espèce.

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