Ecologie & Société

Et si le Pôle Nord était Danois ?

Introduction

On apprenait cette semaine que le Danemark s'apprêtait à revendiquer la propriété du Pôle Nord. Comme on est curieux, on a commencé à se poser quelques questions. Des questions dans le genre de "Pourquoi revendiquer la propriété d'un des derniers sanctuaires écologiques préservés ?", ou encore "Et le Pôle Sud, d'ailleurs, il est à qui ?". Toi qui aimes le froid, l'environnement, et la culture générale, ce dossier t'es dédié.


1. Le Danemark et le Pôle Nord

Le Danemark, c'est non seulement un pays du Nord de l'Europe, mais c'est aussi et surtout le pays dont dépendent les Iles Féroé (au Nord de l'Ecosse) et le Groenland, immense terre de glace au large du Canada, souvent confondu avec le Pôle Nord. Et c'est un journal danois qui a sorti l'information : « Le pays a l’intention de revendiquer le plateau continental dans cinq zones autour des îles Féroé et du Groenland, y compris le pôle Nord lui-même ». Dit en d’autres termes : “ça n’appartient à personne, et comme ce qu’il y a autour est à moi, eh ben on a qu’à dire que ça aussi, c’est à moi”.

Une demande qui ne devrait pas faire que des heureux puisque des pays comme la Norvège, le Canada, les Etats-Unis ou la Russie auraient également quelques ambitions sur ce territoire. La Russie a d'ailleurs matérialisé ses ambitions : en 2007, elle a envoyé un mini sous-marin plonger sous la banquise et planter le drapeau du pays à l'exacte verticale du Pôle Nord. Un acte hautement symbolique, qui n'est pas sans rappeler le "plantage de drapeau" des astronautes américains en 1969 lorsque l'Homme, pour la première fois, a posé le pied sur la Lune. Et que l'URSS voulait (déjà) damer le pion au reste de la planète.


2. Pourquoi vouloir le Pôle Nord ?

Volonté expansionniste danoise ? Pas sûr. Le temps des guerres pour étendre son territoire est terminé (enfin presque) et les frontières fixées (enfin presque). Seulement, un si grand territoire renferme d'immenses richesses potentielles et des perspectives de développement plus qu'intéressantes pour le pays qui les contrôle.

Commençons par le moins évident : l'ouverture de nouvelles routes maritimes. La banquise fond, on le sait. La faute au réchauffement climatique. Et la tendance ne s'inversera pas de sitôt, puisqu'on ne parle pas de stopper le réchauffement climatique, mais plutôt de ralentir la hausse des températures. La banquise va continuer de fondre, c'est une certitude. Et en fondant, ce sont de nouvelles routes maritimes qui vont voir le jour. Le passage par le pôle raccourcissant considérablement les distances transatlantiques, nul doute qu'elles seront très utilisées. Et pourquoi le Danemark, s'il devient propriétaire de la zone, ne monnayerait-il pas ces routes ?

Quant au plus évident, il s'agit évidemment des richesses souterraines. L'institut de géophysique américaine estime que "le cercle polaire pourrait renfermer un cinquième des réserves d'hydrocarbures pas encore découvertes dans le monde, soit 13% du pétrole et 30% du gaz". Même si on s'interroge ici encore sur la façon d'évaluer des réserves "pas encore découvertes", la perspective est alléchante pour n'importe quel pays. Le problème, c'est que ces réserves sont essentiellement sous-marines. Et on a vu l'année dernière avec le naufrage de la plateforme Deepwater Horizon et la marée noire qui avait suivi que les techniques de forage ne sont pas sans danger pour l'environnement.

Et puis enfin, rêvons un peu : pourquoi le Danemark ne voudrait-il pas protéger à tout prix l'Arctique ? Pourquoi cette soudaine envie de "posséder" le Pôle Nord ne serait-elle pas en fait un baroud d'honneur pour empêcher les Sarah Palin en tous genres (elle qui voulait forer un peu partout en Alaska) de venir dresser des derricks ou d'installer des plateformes pétrolières ici et là ?


3. De l'autre côté du globe

12 000 kilomètres plus bas. Le Pôle Sud. La même glace. Les mêmes ours polaires. Les mêmes vents glacés. Les mêmes icebergs. La même banquise qui fond doucement mais sûrement. Sauf qu'en Antarctique, les terres ont été attribuées. Depuis 1959 et la signature du traité de l'Antarctique par 12 pays (dont la France, les USA, le Japon, l'Australie…), la vie à côté du Pôle Sud est réglementée. Chacun des 12 pays s'est vu attribué une bande de terre plus ou moins large, comme une part de camembert partant du Pôle géographique, et leurs droits sur ces terres se limitent à la recherche scientifique. Nulle question là-bas d'installations militaires ou d'exploiter les sous-sol, la zone est un véritable sanctuaire.

D'ailleurs, pour prévenir une lutte éventuelle des géants mondiaux des énergies, les pays membres ont signé le protocole de Madrid en 1991, faisant officiellement du continent "une réserve naturelle consacrée à la paix et à la science". Pas question là-bas d'exploitation pétrolière. Pas encore, en tout cas.

Si la situation pose question au Nord du globe, la partie Sud semble devoir être pour longtemps encore le terrain de jeu préféré des manchots empereurs. Et c'est tant mieux.

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