Les agriculteurs français, et parmi eux les producteurs de lait, ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. La grande distribution négocie des prix d'achat auprès des producteurs toujours plus bas, tandis que la PAC a diminué son intervention dans la poudre de lait et le beurre depuis 2003, rendant les exploitations de moins en moins viables économiquement. Ce système aura fini par atteindra sa limite quand, en 2009, les agriculteurs à bout de nerf épandent des tonnes de lait partout en France, précipitant ce qu'il est alors coutume d'appeler "La crise du lait".
Si un "fonds laitier d'urgence" a été créé par la commission Européenne, nos producteurs de lait ne se reposent pas sur cette aide, et 800 d'entre eux ont décidé de s'unir dans une société, la FairCoopSCA. Objectif de la société : commercialiser un lait 100% français qui a été, dès le début de la chaîne, acheté à un prix juste aux petits producteurs. Pour le dire plus clairement, il s'agit d'un lait équitable, pour lequel chaque intermédiaire, du producteur au distributeur, trouve son compte, une démarche où personne n'est floué.
Pour l'instant, la démarche ne concerne que le lait demi-écrémé UHT, le best seller absolu en France qui s'écoule à 2 milliards de litres par an en France. La brique de lait est vendue sous la marque "FaireFrance" (fabriqué en France, donc, mais il faut aussi voir ici un jeu de mots avec le terme anglais "fair", traduit par "équitable") dans quelques points de vente du Grand-Ouest et du Nord (chez Leclerc et Intermarché) et devrait arriver dans l'Est pendant l'été. Avant de conquérir la France ?
Pour cela, il faudra que les consommateurs des régions déjà concernées acceptent les règles du jeu, car si cette brique de lait rémunère justement les producteurs, elle est vendue 93 centimes l'unité, contre moins de 70 centimes pour ses concurrentes. Encore une fois, c'est le consommateur qui détient la clé du changement. A lui de jouer.
commentaires