L'idée des fermes Lufa est venu à Mohammed Hage, le fondateur des susnommés espaces agricoles, il y a près de cinq ans, au cours de discussions sur l'alimentation avec un de ses amis. Il en était arrivé au constat que les légumes des grandes surfaces perdaient leur saveur et leurs qualités nutritionnelles pendant leurs interminables transport, escales et manipulations intermédiaires.
Mais le problème, au Québec comme au Canada, est que les terres cultivables situées à proximité des villes sont rares, et de fait, développer l'agriculture locale n'est pas chose aisée. Sauf si on l'installe sur un toit. Après maints travaux et démarches auprès des personnes concernées et compétentes (experts ingénieurs, architectes, biologistes, cultivateurs et administrations), la première ferme urbaine a vu le jour en 2011, à Montréal. Et depuis le mois d'avril, les premiers paniers de produits frais, cueillis du jour même, sont distribués aux riverains.
Entre le bâtiment et la plantation sous serre installée sur son toit, il en va un peu comme de ces organismes vivant en symbiose : chacune des parties en retire un bénéfice. Pour la ferme Lufa, dont le prototype de 3000m2 permet de fournir 2000 personnes en produits frais, il s'agit de disposer d'un espace cultivable et proche du consommateur. Le propriétaire du toit, lui, perçoit un loyer, dispose d'un accès privilégié aux produits pour ses résidents et voit ses dépenses énergétiques optimisées ( meilleure isolation et réduction de 30% des dépenses de chauffage).
Mais ce n'est pas tout : cette nouvelle zone agricole fait pousser des produits de consommation écologiques : ils sont sans OGM, pesticides, fongicides ni herbicides. Pour éviter les maladies et les nuisibles, Lufa utilise des bactéries et insectes prédateurs. Les variétés de fruits et légumes sont soigneusement choisies pour leur qualités et leur saveur, mais aussi pour leurs propriétés spécifiques leur permettant de pousser de manière à optimiser la dépense des ressources naturelles. Un coup d'oeil au panier du jour suffit pour juger de la variété du panel proposé.
De plus, l'irrigation se fait par récupération de l'eau de pluie qui tombe sur les serres. Grâce à la technique du goutte-à-goutte et l'utilisation de la fibre de coco comme terreau, qui retient très bien l'eau, la ferme Lufa dépense beaucoup moins d'eau qu'une ferme traditionnelle. Et comme l'eau qui s'écoule est ensuite réutilisée, il n'y a pas de déperditions de nutriments ni de matières organiques susceptibles de faire proliférer de vilaines bactéries.
Pour ce qui est du chauffage, la serre absorbe un maximum de chaleur du soleil. La nuit, en revanche, la plantation peut avoir besoin des chaudières du bâtiment hôte, mais du fait de la chaleur des villes et des économies d'énergies fossiles réalisées par la réduction des transports, la dépense énergétique au total reste moindre. La serre est par ailleurs équipée de rideaux thermiques qui permettent de conserver la chaleur des plantes.
Le but des fermes Lufa est de s'agrandir. Pas pour la gloire, non, mais par conviction qu'il y a là un nouveau modèle agricole à développer, un modèle adapté à la vie urbaine tout en respectant l'environnement et en économisant les ressources naturelles.
Et l'économie d'énergie n'empêchant pas la générosité et le partage, Les fermes Lufa ont distribué gratuitement quelque 150 paniers de légumes à des familles des quartiers de Saint-Laurent et de Ahunstic-Cartierville, le 21 juin, pour célébrer le solstice d'été.
+ d'infos : lufa.com
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