En 2010, vous faisiez peut-être partie des spectateurs du documentaire GasLand, qui avait même raflé une nomination aux Oscars. Dans ce film, son réalisateur Josh Fox recevait une proposition d'un géant du secteur qui voulait lui verser 100 000 dollars contre un permis d'exploitation sur le terrain de sa maison perdue dans la forêt. Il refusait et partait alors en guerre contre l'industrie du gaz de schiste aux Etats-Unis, caméra à la main, un peu à la manière d'un Michael Moore. Dans le métrage, une scène devenue emblématique : un fermier américain vivant juste à côté d'un champ d'exploitation, prouvait que les produits chimiques utilisés lors de la fracturation hydraulique se diffusaient jusque dans les nappes phréatiques en mettant le feu à l'eau de son robinet.
Si vous avez manqué cet excellent docu, nous vous proposons de le revoir sur internet ou de lire ce que nous en pensions à l'époque de la sortie :
Depuis, aux Etats-Unis, rien n'a changé. Pour tout dire, l'industrie des gaz de schiste a même accéléré son développement à tel point que le moment approche où Josh Fox verra un puits d'extraction depuis sa fenêtre, au milieu de la forêt. Alors, il choisit de reprendre la caméra pour un volume II. Il met à nouveau en lumière les absurdités de cette industrie et de sa technique de fracturation hydraulique. Il part à la rencontre d'experts qui ont préféré renoncer à leurs chèques de fin de mois versés par les industriels du secteur, en raison des secrets qu'ils dissimuleraient. Il présente des documents récupérés par des contacts à l'intérieur de la bête prouvant que les grandes sociétés sont parfaitement au courant de la faiblesse et des défauts de la fracturation hydraulique, mais qu'elles préfèrent fermer les yeux et empocher des milliards.
Il repart à la rencontre des citoyens US qui voient leurs vies bouleversées, forcés de quitter un territoire devenu toxique qui leur déclenche des maladies graves. Il dénonce la part énorme du lobbying à Washington, où hommes et femmes politiques sont pieds et poings liés. Il dévoile des conflits d'intérêts qui paraissent incroyables, par exemple quand un gouverneur autorise une société à exploiter les gaz de schiste sur son territoire, société dont il a été bizarrement nommé dirigeant quelques temps auparavant. Les images de territoires désolés succèdent aux images de territoires isolés, et on en passe. Le réalisateur se permet même un petit détour par une démonstration par l'absurde, expliquant que l'entreprise chargée de la communication du numéro 1 des gaz de schiste est la même qui, dans les années d'après-guerre, vendait la cigarette comme un fortifiant pour les poumons. Cynisme, quand tu nous tiens…
Le film, qui n'a pas encore de diffuseur en France, est à voir de toute urgence, pour rester informé sur une industrie qui lorgne sur la France. Pour l'instant, le moratoire sur la fracturation hydraulique semble tenir, même si quelques puits d'exploration ont déjà été creusés ici ou là. Croisons les doigts pour que cela n'aille jamais plus loin parce qu'une fois que la machine est lancée, il est impossible de revenir en arrière…
Si vous maîtrisez la langue de Shakespeare, vous pouvez même voir Gasland II en ligne, là, maintenant, en cliquant sur ce lien.
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