Dès le début des années 80, elle cherche à démocratiser l’idée qu’un t-shirt peut être un moyen de communiquer une idée, une croyance, une lutte. Dix ans après le lancement de sa marque, elle mène des recherches sur les conséquences sociales et environnementales de la production de vêtements et de textile. Les résultats révèlent une insoutenable vérité: la récolte et la production de coton traditionnel est à l’origine de plus de 10 000 morts par an – notamment à cause d’empoisonnements par pesticide des agriculteurs – sans compter les conditions de travail et de rémunération misérables des paysans. La culture du ‘White Gold’ (‘l’or blanc’, soit le coton bio) améliorerait d’une façon sans précédent leur niveau de vie, avec une augmentation d’au moins 50% de leurs salaires et leur permettrait de jouir d’une vie plus décente.
Les années passent et la lutte s’accélère, la créatrice devient de plus en plus connue. Ses t-shirts en vogue sont provocateurs, elle pose a cote de l’ancien premier ministre anglais Thatcher en portant un t-shirt ‘58% don’t want Pershing’ (les Pershing étaient des missiles qui devaient être disposes par les USA en Europe pendant la Guerre Froide) ou avec sa collection « Clean up or Die ». Elle est appréciée et controversée. Malheureusement, son influence est insuffisante et en dépit de ses efforts acharnés, l’industrie de la mode ne semble montrer aucun intérêt pour le développement de vêtements plus respectueux de ceux qui les produisent et de l’environnement.
Son voyage au Mali organisé par Oxfam (association qui regroupe 14 organisations de lutte contre la pauvreté et l’injustice) ne fait que renforcer sa volonté de faire bouger les choses. Katharine y rencontre des producteurs de coton traditionnel ainsi que des fermiers africains. Ce voyage lui permet de prendre réellement conscience de l’urgence de la situation. La production de coton biologique n’est plus seulement souhaitable mais devient une véritable nécessité pour sauver ces personnes de la pauvreté.
Elle revient à Londres plus déterminée que jamais et convaincue qu’elle ne peut compter que sur elle-même et décide donc de lancer une nouvelle ligne de vêtement : KATHARINE E HAMNETT, (E pour Ethically et Environmentally) vendue uniquement sur son site internet.
Depuis 2004, Katharine enchaine les campagnes en tout genre : contre les guerres, la pauvreté, pour inciter les gens a voter… En 2006, elle signe un contrat avec Tesco (supermarché britannique) pour une collection éthique homme/femme faite a partir de coton bio.
Désormais, ces campagnes sont diversifiées, toujours aussi engagées et prennent forme grâce à ses t-shirts et leurs slogans : Free Burma, Clean Up or Die, Choose Life, Worldwide Nuclear Ban Now, No More Fashion Victims, etc. Chacune des campagnes est décrite et expliquée sur son site web (en anglais) et on peut aussi y retrouver sa boutique où ses slogans accrocheurs sont disponibles sous la forme de t-shirts, sweats, ou robes-pull à partir de 30 €. Pour certaines de ses campagnes, la créatrice reverse de l’argent à des associations militantes afin de les aider et contribuer à leurs actions.
Katharine Hamnett est plus qu’une talentueuse créatrice de mode, elle défie et bouscule notre état parfois apathique. Elle nous aide à prendre conscience des réalités qui nous entourent et qu’il nous arrive de refuser de voir. Plus qu’un simple t-shirt, chaque création est un véritable manifeste qui fait réfléchir et laisse rarement indifférent.
+ d’infos et points de vente: www.katharinehamnett.com
Camille Lepage.
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