D'abord une question : Que faisons-nous là ? Explication de la "responsable communication corporate" du groupe aux journalistes présents : "Nous avons souvent l'occasion de vous parler mais sur des sujets très précis. Et on ne vous présente jamais nos activités dans leur globalité. Alors voilà." Soit.
Un petit topo historique sur la finance solidaire pour commencer, effectué par la "responsable missions et partenariats solidaires et transversaux" de la banque. Cette finance prendrait sa source dans les années 80, quand certains pays du Sud ne sont (déjà) plus en mesure de rembourser les dettes contractées à l'égard des pays du nord. Seulement voilà, les pays du Nord ne sont (déjà) plus ce qu'ils étaient et la pauvreté gagne du terrain. Étonnamment, ce sont les congrégations religieuses qui donnent un des premiers exemples de finance solidaire en coupant tous leurs investissements en Afrique du Sud pour marquer leur désaccord avec la politique de l'Apartheid alors en vigueur, et en privilégiant des régimes plus sains. En 1983, le Crédit Coopératif participe à la création du premier produit solidaire de partage en Europe, et la coopérative devient banque en 1984.
Seulement, dans le monde de la finance solidaire, à la différence des banques traditionnelles, le bénéfice des placements n'est pas partagé entre l’établissement bancaire et les clients, mais entre les clients et une association de leur choix. Une révolution et une vision de ce qu'est la finance solidaire. Le Crédit Coopératif pratique l'ISR (Investissement Socialement Responsable) qui exclue les secteurs amoraux de son champ d'action (ne comptez pas sur eux pour financer les marchands d'armes, d'alcool ou les fabricants de cigarettes) et inclue les secteurs propres ou d'intérêt général, les entreprises solidaires présentant au moins un tiers de leurs effectifs en réinsertion, ou d'autres qui plafonnent les salaires de leurs dirigeants. La présentation est terminée. Place à la suite.
La charmante attachée de presse a établi son petit plan de salle, divisée en deux, et sitôt installés, François Lett, le Directeur général délégué d'EcoFi (la société de gestion du groupe) prend la parole à nos côtés. Gestion éthique, investissement solidaire, investissement socialement responsable… Tous ces termes propres au monde de la finance éthique sont employés et expliqués. Un journaliste présent à table, apparemment anglophone, relance notre DG délégué sur les produits financiers. Votre serviteur a complètement décroché de la conversation, trahi par ses connaissances limitées du secteur bancaire. Triste.
Comme un speed dating, la rencontre est chronométrée. Le discours est terminé, ding !, les intervenants "switchent". Nous voici face à Pierre Valentin, Directeur général délégué chargé des finances du Crédit Coopératif. Où l'on apprend lors de son intervention que le Crédit Coopératif détient 1% du groupe BPCE (Banque Populaire et Caisses d'Epargnes), qu'au Crédit Coopératif les actionnaires ont un vrai pouvoir (et peu importe qu'ils aient investi 200€ ou 3 millions), et que la finance solidaire, de par la sécurité de ses placements, ne laisse aucune place à la spéculation. Dans un monde où se succèdent les scandales financiers, où l'on apprend que des milliards sont joués quotidiennement en Bourse par des golden boys partout dans le monde, le message se veut rassurant. Et c'est réussi.
Une rapide question de ma voisine sur la concurrence du Crédit Coopératif : oui, les concurrents tentent parfois quelques incursions sur cette chasse gardée du groupe qui nous reçoit, et finalement c'est un bien pour la société française en général, mais l'on déplore cependant un manque de cohésion et d'uniformité de ces démarches. Demain, peut-être… Il est déjà 14h30, l'heure de partir, non sans avoir remercié et félicité nos hôtes pour leur enthousiasme à démontrer qu’une autre finance est possible et existe déjà.
Si une telle rencontre est à nouveau organisée, promis, on révise notre lexique du domaine bancaire…
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