Jirau, Santo Antônio, et Belo Monte. Ces trois noms ne vous disent sans doute rien. Pourtant, ce sont les noms de trois barrages qui s'élèveront bientôt dans la région brésilienne de l'Amazonie. L'un d'entre eux, en l'occurrence celui de Belo Monte, est même appelé à devenir le troisième plus grand édifice de ce genre. Rien d'étonnant pour un pays dans lequel l'hydroélectricité représente 57% de la production électrique.
Le problème ? Non seulement la construction de ces barrages engloutira des milliers d'hectares de forêt vierge portant gravement atteinte à la biodiversité d'une région unique sur terre, mais elle délogera également de nombreuses tribus indigènes, présentes depuis des lustres sur ces terres. De quoi susciter l'émotion des défenseurs de l'environnement et de la condition humaine.
Et comme (trop) souvent dans ce genre de projets, des géants industriels français sont impliqués. Cette fois, il s'agit de GDF – Suez, responsable du barrage de Jirau sur le fleuve Madeira, le principal affluent de l'Amazone, et d’Alstom, impliqué dans le projet de Belo Monte. Alors que des tribus ont été repérées à une dizaine de kilomètres du chantier de Jirau, celui-ci continue, obligeant les indiens à reculer. L'ONG Survival s'inquiète de leur sort et craint "des tensions sociales et des conflits", "les territoires indigènes étant convoités pour leurs ressources naturelles".
Alors Survival fait faire la tournée des grands ducs à quelques indiens d'Amazonie, envoyés sensibiliser les populations européennes à leurs problèmes. On les a notamment vus sur le Trocadéro à Paris (en compagnie de l'actrice Agnès Soral, engagée à leurs côtés) et à Londres, pour une manifestation devant le siège de la Banque publique brésilienne de développement économique et social (BNDES), l'une des principales sources de financement des barrages.
Côté environnement, les dégâts seront considérables et irréversibles. Les milliers d’hectares de forêt engloutis le seront pour toujours. L’eau stagnante des lacs de retenue des barrages, en plus de plaire fortement aux moustiques porteurs du paludisme, deviendra avec le temps de plus en plus acide : un milieu propice aux prédateurs de rivières qui risquent de pulluler, chamboulant l’équilibre naturel et la biodiversité de la zone. Et puis un barrage bloque les allées et venues des poissons. Et puis de tels barrages frappés du sceau du gigantisme appellent d’autres infrastructures à ses côtés : transformateurs, routes, voire villes… Autant de constructions qui nécessitent de raser une partie de la forêt après en avoir englouti une autre partie. Bref, ce n’est pas joli joli.
Pendant ce temps, les chantiers continuent, et le premier des trois barrages, celui de Santo Antônio (dont le chantier est en photo en haut), devrait entrer en service cette année.
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