Introduction
nous passerons le cap des 7 milliards d’êtres humains sur Terre cette année, et des pays s’éveillent dans le monde. Et pas n’importe lesquels : Chine, Inde et Brésil (soit près de 3 milliards d’habitants à eux seuls) à la demande énergétique exponentielle auront besoin demain des mêmes capacités que les pays Occidentaux.
Et alors que le WWF publiait en 2006 un rapport dans lequel il indiquait qu’en 2030, deux planètes seraient nécessaires pour que l’humanité puisse répondre à ses besoins, les gouvernements du monde entier jouent les frileux en essayant d’intégrer quelques malheureux % d’énergies renouvelables dans leurs balances énergétiques. Car plutôt de se casser la tête à faire des recherches sur l’énergie éolienne par exemple, rien n’offre pour le moment un rendement comme celui des énergies fossiles, pétrole et charbon en tête.
Le charbon, tiens. Le sujet de ce dossier. Avouez que ça tombe bien. Essayons de voir dans les pages suivantes où en est l’humanité avec le charbon.
1. Pourquoi le charbon ?
C’est vrai, ça : pourquoi préférer le charbon pour produire de l’électricité? Plusieurs raisons à cela.
La facilité d’abord. La technologie qui consiste à faire brûler du charbon pour obtenir de l’énergie, la Terre entière la connaît depuis les Révolutions Industrielles du XIXème siècle. Une centrale à charbon et hop, le tour est joué, que la lumière soit. Cela n’est cependant pas valable que pour des pays que l’on pourrait croire un peu "en retard" au niveau de la technologie, puisque les Etats-Unis tirent aujourd’hui leur électricité pour moitié de la combustion du charbon.
Le coût ensuite. Il va de pair avec la facilité : la technologie, on l’a. Nul besoin d’engloutir des millions dans des projets de recherche et de perdre des années en essais avant de pouvoir exploiter une nouvelle technologie. Quel que soit le prix d’une centrale à charbon, celle-ci sera toujours moins chère qu’une technologie à inventer. De même, le prix de la matière première est largement abordable pour les Etats : il se négocie actuellement aux alentours de 225 dollars la tonne. Pour avoir une idée, le baril de pétrole (159 litres), coûte en ce début janvier environ 90 dollars, soit 550 dollars les 1000 litres. Près de 2,5 fois plus cher pour un volume a peu près comparable. Si on prend comme unité de comparaison le prix par TEP (Tonne équivalent pétrole, une unité d’énergie), on arrive à ce même résultat : la TEP pétrole est 2,5 fois plus chère que la TEP charbon. On peut donc reprendre une phrase du paragraphe précédent : "Une centrale à charbon et hop, le tour est joué, que la lumière soit".
Les réserves ensuite. La fin du pétrole, c’est pour demain ou presque. Et la raréfaction ne risque pas de faire baisser son prix. Pour le charbon en revanche, l’IFP Energies Nouvelles (l’ancien Institut Français du Pétrole) estime qu’il reste 145 ans de réserves mondiales au rythme de consommation actuel. Il n’y a donc aucune raison de se retenir pour taper dans ces stocks…
2. Pourquoi pas le charbon ?
Parce qu’il POLLUE. Durant sa combustion, il rejette toutes sortes de composants aux noms charmants autant que toxiques dans l’atmosphère : anhydre sulfureux, oxydes d’azote, et bien sûr le célèbre CO2. Les conséquences sont nombreuses, de l’intensification des pluies acides (Prends-ça, la forêt) au développement de maladies comme la silicose pour les riverains des centrales ou des mines, et bien sûr les mineurs eux-mêmes.
Sans compter les conséquences "passives", à savoir les paysages dévastés quasi lunaires laissés par les industriels après des décennies d’exploitation de mines ou de centrales à charbon. L’exemple le plus parlant de ravage écologique étant sans doute ce qu’il se passe à l’Est des Etats-Unis, dans le massif des Appalaches, où la richesse des sols en charbon a conduit l’homme a carrément décapiter les montagnes pour en extraire le précieux produit.
Alors il existe bien des procédés pour empêcher le rejet massif de particules dans l’atmosphère, comme le traitement des fumées. Mais les particules récupérées après traitement et combustion sont parfois stockées dans des étangs artificiels, sous forme de boues. Le site enerzine.com se référait même à un rapport fédéral américain de 2006 qui s’inquiétait de l’absence de membranes sur certains de ces étangs, ce qui favoriserait les infiltrations de boues toxiques dans les sols. Inquiétant.
Les différentes photos ci-dessous devraient vous convaincre…
3. Et sans le charbon, c’est possible ?
Possible, oui. Il faut cependant s’y préparer suffisamment en amont. Et bizarrement, les catastrophes naturelles peuvent aider à accélérer le mouvement. Les récentes inondations en Australie sont un bon exemple. Selon l’AFP, l’activité minière du Queensland, l’état qui "fournit à lui seul la moitié des besoins mondiaux de coke de charbon nécessaire à l’industrie sidérurgique" est très atteinte. Si des mines sont inondées, d’autres ne le sont pas mais sont coupées du monde car les voies ferrés qui les relient aux terminaux d’expédition sont noyés. Ca pourrait bien cogiter du côté de l’industrie de l’acier…
L’opinion publique peut-elle influer sur les choix énergétiques d’un pays ? Peut-être. Un exemple récent, dont nous avons en plus déjà parlé, vient illustrer cette opposition : la centrale à charbon Medupi en Afrique du Sud, financée par la Banque Mondiale. Une opposition populaire forte, des plaintes déposées par des ONG, et le problème de la pollution de ce genre de centrales soulevé sur toute la planète. Pour faire changer les choses ?
Et puis terminons par le petit exemple franco-français. Au royaume du nucléaire, la part d’électricité produite par la combustion de charbon ne représente que 4% en 2009. Le nucléaire 76%. Le reste se divise entre énergies hydraulique, éolienne ou solaire. Nous ne sommes pas ici pour faire la promotion du nucléaire, qui d’un côté ne rejette dans l’atmosphère que de la vapeur d’eau, mais de l’autre crée des déchets radioactifs dont on ne sait pas encore se débarrasser. Vraiment. Sans oublier les risques d’accident (25 ans cette année depuis la catastrophe de Tchernobyl).
Quant à nos voisins allemands, ils prévoient de s’approvisionner entièrement en énergies renouvelables d’ici 2050, pendant que nous misons tout sur une technologie qui fait trembler la Terre entière.
Drôle de monde.
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