Ecologie & Société

Le cuivre disparaît. Et alors ?

Introduction

Avec la montée en puissance de la Chine depuis quelques années, celle de l'Inde qui ne saurait tarder, et avec des pays occidentaux toujours en forme, la demande augmente. La demande de quoi ? La demande de tout. La demande d'énergie, de pétrole, de temps libre, d'eau, de changement, et de mille autres choses encore. Et parmi toutes ces demandes, celle pas très sexy de cuivre, sur laquelle nous allons nous attarder.

Le cuivre est l’un des métaux les plus utilisés dans sa catégorie. Et la tendance ne faiblit pas, son utilisation ayant plus que doublée depuis 1970. Mais comme toutes les ressources naturelles, sa disponibilité s’amenuise. En quoi cela peut-il poser un problème écologique ? Et quelles sont les utilisations de ce métal qui nous le rend indispensable ? Existe-t-il des solutions pour limiter son impact environnemental ? Eh bien voyons cela…


1. Le cuivre de plus en plus convoité

Contrairement à des métaux comme l’aluminium qui sont présents en très grande quantité dans la croûte terrestre, les stocks de cuivre disponibles arrivent à épuisement. Ainsi, et selon les sources, la date d’épuisement des ressources est fixée à 2028 pour les prévisions les plus pessimistes, et à 2039 pour les plus optimistes. Et on parle là du cuivre exploitable. Car du cuivre, il y en a dans la Terre, à de très grandes profondeurs. Mais de tels gisements, dont l’exploitation serait hors de prix, ne présentent aucun intérêt financier quant à leur exploitation. Comme tout ce qui est rare, le cuivre est cher. Les prix peuvent s’envoler au-delà de 8000€ la tonne.

Et comme pour tout ce qui est rare et cher, un trafic se développe. Ainsi, les retards de train dont on accuse souvent la SNCF sont souvent provoqués par des petits malins qui dérobent les câbles d'alimentation en cuivre et les revendent au prix fort au marché noir. Ce petit jeu coûte 30 millions d’euros par an à la SNCF, qui a même été obligée d’investir dans un dispositif de surveillance de ses installations, avec entre autres des hélicoptères équipés de caméras thermiques. Tout un arsenal défensif dont on se passerait bien.

Et que dire de ceux qui ont pénétré les champs de ruines laissés derrière le passage de la tempête Xynthia dans l’ouest pour récupérer du cuivre dans les maisons écroulées ? Si des gens sont prêts à prendre de tels risques pour le cuivre, c’est qu’il a une vraie valeur. Et le fait qu’il s’agisse d’imbéciles ne change rien à le donne.


2. Pourquoi a-t-on tant besoin de cuivre ?

Le cuivre, même s’il n’est pas visible partout et tout le temps, fait pourtant partie intégrante de notre vie quotidienne. On le retrouve dans les câbles, fils, générateurs, transformateurs, moteurs et dans tous les appareils électroniques.

Et ses applications ne se limitent pas à celles-ci. Dans le bâtiment par exemple : en forme de feuille, d'écaille ou de lames, le cuivre devient un matériau architectural de plus en plus utilisé de par le monde. Le métal rouge sert également à fabriquer les canalisations d'eau, est énormément utilisé pour les systèmes de chauffage, et ses qualités anti-bactériennes le rendent de plus en plus indispensable, à la maison ou dans les environnements médicaux.

On voudrait se passer de ce métal, on ne pourrait pas. Alors comment faire ? Doit-on s’accomoder des convoitises qu’il attise ? Pas sûr…


3. Impact de l’exploitation

Un petit peu d'histoire pour commencer. Le cuivre est l'un des métaux les plus anciens utilisés par l'Homme, puisque les premières traces de cuivre travaillé remontent à 4500 ans avant JC. Aujourd'hui, le cuivre ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval (puisque les sabots des chevaux sont en fer) et il faut déployer de gros moyens pour l'extraire. Et pour espérer obtenir du cuivre, il faut commencer par extraire un minerai appelé chalcopyrite, où l'exploitation la plus intense est faite au Canada, en Zambie ou en République Démocratique du Congo. Le problème de la chalcopyrite est qu'elle contient du cuivre bien sûr, mais aussi du fer et du soufre. Lors de la transformation du minerai en cuivre, le soufre se transforme en dioxyde de soufre (un gaz) ou en acide sulfurique.

En Zambie par exemple, la mine de Mopani, la plus importante du pays, est au centre d'un scandale écologique passé sous silence dans nos contrées. Entre l'atmosphère polluée par les gaz, les nappes d'eau et les terres empoisonnées à l'acide sulfurique, les problèmes de santé et le taux de cancer des habitants de la région explose. Voilà le genre de problème que peut créer l'industrie du cuivre, une industrie qui est prospère depuis la découverte des propriétés de conductivité du métal au XIXème siècle.

Mais la prospérité ne durera pas éternellement, car comme nous l’avons vu, les stocks s’épuisent. Pour faire simple, disons qu’il nous reste 30 ans pendant lesquels nous pourrons extraire du cuivre à coût abordable. Ensuite, on ferme la boutique. Alors autant commencer tout de suite à réféchir à d’autres solutions.


4. Comment diminuer la pression sur les ressources ?

Pas besoin de long discours, la réponse tient en un mot : le recyclage. Le cuivre fait partie de ses matériaux qui sont 100% recyclables, sans perdre de ses qualités. Si l'environnement sort grand vainqueur d'une telle facilité de recyclage, le portefeuille des industriels du secteur n'est pas perdant pour autant. Le recyclage sous-entend que l'on dispose déjà d'un matériau récupéré, et qu'il n'est pas besoin d'aller l'extraire des entrailles de la Terre et de lui faire subir de longues et fastidieuses transformation avant d'en sortir un produit fini.

Et là, les chiffres sont encourageants. Selon l'European Copper Institute, les chiffres du recyclage du cuivre en Europe en 2010 sont en hausse de 3,5% par rapport à l'année précédente, portant à 45% la part de cuivre recyclé utilisé par l'industrie du cuivre européenne. Et l'économie d'énergie lors du recyclage du cuivre peut monter à 85%. Des chiffres qui sont à prendre avec des pincettes : alors que la consommation mondiale du métal rouge a plus que doublé depuis 1970, le PNUE a appelé la semaine passée les pays riches à un gel des niveaux actuels de consommation de ressources, les estimant trop élevés.

Vous nous direz “on doit bien pouvoir remplacer le cuivre par d’autres métaux. Il n’y a quand même pas que ça !”. Et vous avez raison. Sauf que si le cuivre est tant utilisé aujourd’hui en électricité notamment, c’est qu’il présente, et de loin, les meilleures qualités. L’aluminium, qui abonde dans l’écorce terrestre, est aussi un conducteur électrique. Sauf que sa conductivité n’équivaut qu’à 60% de celle du cuivre. Il y a aussi l’argent, bien meilleur conducteur que le cuivre. Mais là aussi, les stocks sont limités, et surtout, l’argent coûte bien plus cher que le cuivre. A oublier, donc.

Une partie du chemin a bel et bien été parcourue par les industriels du cuivre qui évitent grâce au recyclage le rejet de millions de tonnes de CO2 dans l'atmosphère, mais pour arriver à des taux de recyclages frôlant les 100%, il faudra encore beaucoup de travail. Alors on arrête de lire ce dossier et on fonce se mettre au travail. Go !

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