Le 3 mars 2010, j’arrive sous une pluie diluvienne dans la presqu’île de Buka, au nord-est de la province de Bougainville. Il est 16h30 et je suis en Papouasie Nouvelle-Guinée (PNG), près de l’Australie. Profitant du geste bien urbain d’un membre de l’ONG Care International, je monte dans sa voiture qui me dépose dans une auberge chaleureuse, avec autant de touriste qu’il y en a dans ce pays : aucun.
Je fais la rencontre de Tony, membre actif de l’association Tulele Peisa, ONG donc le nom signifie en language des Carteret « voler de ses propres ailes ». Tony vient des îles mais vit aujourd’hui sur la terre ferme de Bougainville,à Buka, et tente de venir en aide à sa communauté restée sur l’atoll. Les îles Carterets comptent six îles et près de 1800 habitants au total ; l’île la plus grande et la plus peuplée est celle de Han. C’est sur celle-ci que je me rends avec Tony qui sera mon lien avec les chefs de la communauté, Nick qui lui sera mon traducteur et mon guide sur les îles et enfin un skipper redoutable, Allen, capable d’affronter les vagues rageuses qui font souvent des victimes durant la traversée entre Buka et les Carterets.
Nous partons dès le lendemain. Après trois heures de navigation dans une petite embarcation à moteur sous un soleil brûlant, nous apercevons une île à la végétation luxuriante entourée d’une limpide mer turquoise de laquelle s’échappent des cris d’enfants en plein jeu et une bonne odeur de poissons grillés : Han.
Les habitants de Carterets ont la peau très noire, et sont réputés comme tel dans le reste du pays, où la diversité est immense parmi les 5 millions d’habitants. On m’assigne une hutte dans laquelle je dormirai sur un fin matelas posé à même le sable, qu’on a surélevé à un endroit pour lui donner la forme d’une petite butte qui me sert d’oreiller. J’ai à peine le temps de faire la connaissance de Benett, chef de la communauté des Carterets auprès duquel Tony m’introduit que la nuit tombe déjà, faisant s’envoler des chauves-souris dans le ciel et rougir le soleil s’unissant à la mer. Je vais me coucher décidant de commencer dès le lendemain mon enquête sur les menaces qui pèsent sur cette île aux allures de paradis.
La nuit fut agitée, certainement en partie à cause des brûlures dont j’ai écopé sur le visage et les bras après notre traversée en bateau, me donnant l’impression d’avoir enfilé un costume de peau trop petit. Par ailleurs, les souris qui me passent sur le corps aux aurores me poussent à me lever pour déguster le riz à la noix de coco fourni par le gouvernement de PNG, pour aider les habitants à faire face à la réduction de leurs ressources.
La suite dans quelques jours …
Judith Jakubowicz
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