Sur l’invitation, il est précisé que la conférence débute à 8h45. Arrivée à 8h40 sur place, donc, et votre serviteur se dirige vers la personne de l’accueil :
« – Bonjour, je viens pour une conférence de p…
– Ah oui oui. Suivez-moi. Voilà, c’est au premier étage.
– (Au serveur présent) Bonjour, c’est bien ici la conférence de p…
– Oui, oui, c’est bien là. »
Parfait. Un jus d’orange, quelques viennoiseries, et il n’y a toujours que Marcel Green qui est représenté. Inquiétude. Arrive une deuxième convive, représentante d’un autre site d’environnement. Nous discutons un peu. Il est 9h10, et cela fait 30 minutes que nous patientons. La conférence a donc, au moins, 25 minutes de retard. Dans la salle, des techniciens font des tests de son et de Power Point. Les graphiques aperçus par une porte entrouverte font craindre un voyage au bout de l’ennui…
Et puis, des gens arrivent en nombre, nous parlent, nous demandent notre avis sur la télé d’aujourd’hui, nous annoncent que les nouveautés de la télévision britannique seront présentées à la conférence. Bizarre, parce que nous, si on est là, c’est pour une conférence de presse sur le recyclage des tickets restaurant… Après vérification, tout s’éclaire : il y a deux conférences simultanées au même endroit, et nous avons donc 30 minutes de retard à notre « vrai » rendez-vous.
Après explications, nos hôtes nous excusent bien volontiers, et on démarre. Depuis deux mois, le groupe Edenred, inventeur des Tickets Restaurant (les vrais, pas les copies), et également éditeur de Chèques emploi-services universels (CESU) et des chèques cadeau Kadeos, est passé au papier recyclé. Une nouvelle a priori pas si folle que cela, sauf que dans le milieu, c’est une révolution. Parce qu’entre les préjugés pouvant aller à l’encontre du papier recyclé, et les dispositifs de sécurité intégrés aux tickets resto pour éviter les fraudes, le passage au papier recyclé n’est pas si évident que cela selon Laurent Delmas, Directeur Général du groupe.
Tiens, d’ailleurs, derrière Monsieur Delmas se dresse un mur végétal intérieur qui n’a rien à envier à celui de la station RER Magenta, ni à celui du BHV. Tout ça pour dire que son groupe est leader sur son marché, développé à l’international, et qu’il imprime chaque année quelques 350 millions de titres de services (le nom générique et pas glamour qui englobe tous les tickets cités plus haut) en France. Pour eux, le passage au recyclé était un devoir. Ou plutôt devrait-on dire « est » un devoir, puisque notre interlocuteur profite de l’occasion pour envoyer un bon vieux tacle, par derrière et avec les deux pieds décollés du sol, à la concurrence : « s’il y a bien une chose à faire pour l’environnement dans le milieu, c’est de faire du recyclé ». Prends-ça, le Chèque Restaurant.
Le choix de « faire du recyclé » justement, n’a pas pris plus d’un an à la société, entre le moment de la décision et le premier ticket imprimé. Il a fallu trouver une société capable de recycler les tickets diffusés sur le marché. L’heureux élu, c’est PAPREC. Le nom vous dit quelque chose ? Alors c’est peut-être que vous aimez le foot français et que vous vous souvenez du maillot du FC Nantes à l’époque où l’entreprise était le sponsor principal du club.
Mais Edenred ne se contente pas de faire du papier recyclé, la société fait surtout du papier FSC recyclé : comprendre qu’il récupère du papier usagé certifié FSC (donc une plus grande difficulté de collecte, on le comprend) avant de le recycler. Et pour être certain d’être « clean » sur toute la ligne, Edenred a même fait certifier sa chaîne de production par le label FSC. Inconvénient de ce changement : un ticket recyclé coûte en moyenne 10% plus cher à fabriquer. L’idée pour compenser ce coût ? Tout simplement réduire la taille desdits tickets. Les chèques cadeaux Kadeos ont vu leur surface considérablement diminuer depuis le changement. Et puis, comme le dit si bien Laurent Delmas : « Ce qui est important, ce n’est pas la taille ». On acquiesce.
« Et les résultats concrets d’un tel changement ? », nous direz-vous ? Eh bien pour avoir des résultats complets, rien de tel qu’un bilan carbone réalisé par une société indépendante agréée par l’ADEME. Les chiffres présentés sont largement positifs, puisque le groupe a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 60%, et l’usage de papier recyclé a permis l’économie de 25 millions de litres d’eau. Edenred ne compte toutefois pas s’arrêter là, puisque l’ambition finale, c’est de supprimer le papier et de le remplacer par des cartes. Reste à trouver une alternative au PVC dont sont faites les cartes à puces actuelles. En tout cas l’idée n’est pas une utopie, puisqu’au Brésil, où le groupe est implanté, 80% des échanges se feraient via ces cartes à puce.
Les verres se vident, la conférence se termine, quand arrive une participante qui essaie d’expliquer son retard. Mais pour trouver une excuse aussi béton que la nôtre, elle va devoir cravacher…
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