« A la Saint-Théodore, fleurit chaque bouton d’or », « A la Saint-Désiré, tu peux découvrir ton nez », « Temps de la Saint-Fernand, chaleur et soleil riant », etc… Voilà une tradition française dont la presse ne se lasse pas : celle des dictons météo. Pourtant, alors que l’air que nous respirons est de plus en plus pollué, et que les pics de pollution sont indubitablement liés au temps qu'il fait (en cas de fort ensoleillement, de températures élevées, et/ou de vent faible), il semble que des données supplémentaires pourraient s’avérer bienvenues, en plus du Saint du jour.
C’est le parti pris il y a quelques jours par The Guardian, quotidien britannique fondé voilà près de 200 ans, qui a donc décidé de proposer à ses lecteurs les températures attendues, l’allure du ciel, et donc les taux de CO2 dans l’atmosphère. Pour présenter ces données à ses lecteurs, The Guardian s’appuie sur les enregistrements fournies par l’observatoire de Mauna Loa, sur les îles Hawaii où, depuis 1958, la concentration en CO2 dans l’atmosphère est surveillée. Il y a un peu plus de 60 ans, ce taux était de 315 ppm (parties par millions), à comparer au taux considéré comme étant « gérable à long terme » de 350 ppm. La semaine dernière, pour l’inauguration de sa rubrique, le vénérable quotidien britannique indiquait une concentration de 412,96 ppm, bien au-delà du seuil à ne pas dépasser, et encore plus largement supérieur aux estimations remontant à l’ère pré-industrielle, de seulement 280 ppm.
L’objectif du journal est de « montrer ce que l’activité humaine fait à notre climat », et de « rappeler que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir ». A chaque nouvelle itération, les mêmes comparaisons sont faites : avec les semaines précédents, les années précédentes, l’ère pré-industrielle, et le seuil à ne pas dépasser (mais qui a été dépassé il y a bien longtemps).
Cette petite amélioration qui fait grand bruit a été suggérée par un lecteur du Guardian, qui s’est laissé tenter. Les bonnes idées appelant les bonnes idées, les lecteurs demandent désormais à leur canard favori d’ajouter de nouvelles données à sa météo : les émissions de méthane, le nombre de morts dues à la pollution atmosphérique, les surfaces de forêts qui disparaissent chaque jour, etc… Pour le moment, le Guardian sélectionne ces propositions et se contente de les publier sur son site internet (le troisième plus visité au monde pour un média). Avant de les appliquer dans le futur ? Pourquoi pas, après tout, cela ne représente que quelques centimètres carré dans les dizaines de pages proposées chaque matin.
En attendant, si un journal français veut s’en inspirer, qu’il n’hésite surtout pas…
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