Parmi les aberrations écologiques auxquelles notre monde doit faire face, celle du gaspillage alimentaire est loin d'être la moins impressionnante. Prenons ainsi les chiffres les plus indiscutables qui soient, ceux donnés par Janez Potocnik, le Commissaire Européen à l'Environnement. Il y a quelques mois, alors qu'il présentait son plan pour réduire les déchets comestibles dans l'UE de 50% d'ici 2020, il chiffrait le gaspillage alimentaire des 27 : "l’Union, à elle seule, gaspille chaque année 90 millions de tonnes de nourriture, soit 180 kg par personne." Voici donc deux initiatives individuelles dont les instigateurs n'ont pas attendu les Etats pour prendre le taureau par les cornes.
Parler d'un taureau nous permet d'enchaîner immédiatement (et de façon un peu médiocre peut-être) avec l'Espagne, où un collectif écologiste entend dénoncer le gaspillage alimentaire ibérique, dans un pays déjà profondément en crise et qui n'a sans doute pas besoin de se priver de quelque ressource que ce soit. Les militants de ce groupe écument les poubelles des épiceries et autres magasins, pour y récupérer les fruits et légumes qui ont été jetés alors qu'ils sont encore propres à la consommation. Avec leur butin, il s'installent alors dans des jardins publics, et cuisinent des repas qu'ils offrent gratuitement aux passants. Alors bien sûr, la solution pour éviter le gaspillage n'est pas de faire les poubelles, mais un tel mouvement permet de se rendre compte d'une des dérives évitables de nos sociétés de consommation.
Pour la seconde initiative, il n'y a pas besoin d'aller très loin. A Louviers, dans l'Eure, un nouveau restaurant japonais propose ses clients, comme beaucoup de ses concurrents asiatiques, un buffet à volonté. 10, 12 ou 15 euros payés, et ce peu importe la quantité de nourriture ingérée. Avec ce genre de formule, les clients ont cependant souvent tendance à avoir les yeux bien plus gros que le ventre et ont du mal à finir leur dernière assiette. Le patron de ce restaurant japonais prévient alors ceux qui ont choisi son établissement : toute assiette non vidée sera facturée 5 euros. Une idée toute simple qui incite le consommateur à se responsabiliser et qui permet au final à l'équipe du restaurant Fujiyama de jeter beaucoup moins de nourriture dans les bennes. Et le mieux dans tout cela c'est que les clients de l'endroit approuvent, alors que le consommateur déteste habituellement être frappé au portefeuille. Une expérience largement positive, donc.
Si cette pratique se développait sur tout le continent, nul doute que l'objectif de 50% de réduction du gaspillage alimentaire annoncé en début d'article serait bien plus facilement atteint. Monsieur McDonald's, si tu nous lis…
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